"La date de chargement du combustible est décalée de fin 2022 au second trimestre 2023. L'estimation du coût à terminaison passe de 12,4 milliards d'euros à 12,7 milliards", indique le groupe dans un communiqué.
Le réacteur de nouvelle génération de Flamanville, dont l'édification a débuté en décembre 2007, devait au départ être mis en service en 2012, mais son chantier a été affecté par de nombreux déboires et surcoûts. Le coût initial a quasiment été multiplié par quatre.
Ce nouveau retard ne constitue pas une totale surprise compte tenu des derniers problèmes rencontrés sur le chantier, notamment sur des soudures. Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) Bernard Doroszczuk avait déjà alerté l'an dernier sur l'absence de "marge" sur le calendrier.
"Ce sera difficile de tenir fin 2022", avait indiqué mardi la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.
Le nouveau calendrier annoncé mercredi tient compte "de l'état d'avancement des opérations et de la préparation du démarrage dans un contexte industriel rendu plus difficile par la pandémie", explique EDF.
Cette annonce intervient alors que le France s'apprête à lancer un nouveau programme de construction de réacteurs nucléaires, comme l'a annoncé Emmanuel Macron le 9 novembre. Ce dernier a souvent vanté les avantages du nucléaires, notamment d'un point de vue climatique.
Ces nouveaux déboires pourraient donc compliquer la tâche de l'exécutif, qui doit encore détailler les contours de ces futurs chantiers avec une version améliorée de l'EPR (EPR2) pour une première mise en service "en 2035-2037".
Le nucléaire est l'un des thèmes clivants de la campagne présidentielle, avec des candidats favorables à cette énergie (notamment à droite, à l'extrême droite mais aussi au PCF) et d'autres hostiles (LFI et EELV en particulier).
"usure"
L'EPR de Flamanville est actuellement le seul en construction en France. Trois réacteurs EPR sont déjà entrés en fonctionnement dans deux pays: deux en Chine, à Taishan, et un en Finlande.
Un incident avait conduit en juillet à l'arrêt de l'un de ces réacteurs EPR à Taishan. EDF explique mercredi qu'il a subi "un phénomène d'usure mécanique de certains composants d'assemblages" et que cela "ne remet pas en cause le modèle EPR".
"Dans la perspective du démarrage de Flamanville 3, une solution déjà mise en oeuvre sur le parc nucléaire en exploitation d'EDF, sera instruite avec l'Autorité de sûreté nucléaire française", indique le producteur d'électricité.
L'ASN avait en effet exigé de comprendre ce qui s'était passé en Chine avant de donner le feu vert pour le réacteur normand.
"Il y a encore beaucoup de travail à effectuer sur ce chantier en amont des opérations de démarrage, et le retour d'expérience de l'écart de l'EPR Taishan 1 doit avoir lieu", avait récemment jugé Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN.
Outre ce dossier, EDF a fait le point mercredi sur toutes les tâches qu'il lui reste à réaliser avant le chargement du combustible, première étape du démarrage.
Il faudra notamment finir "la remise à niveau des soudures du circuit secondaire principal", mener une nouvelle campagne d'essais, obtenir les autorisations administratives après avoir obtenu le feu vert de l'ASN, réaliser les dernières finitions sur l'installation ou encore fournir les documents nécessaires à l'exploitation.
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