2028 peut sembler encore lointaine. C'est bien pourtant dès la fin de l'année 2022 que Rouen doit remettre son dossier de candidature pour devenir capitale européenne de la culture en 2028. Un dossier de 80 pages qui doit présenter concrètement les ambitions de la Ville. Au mois de décembre, l'association Rouen Normandie 2028 - capitale européenne de la culture a fait le point sur l'avancée du projet. Le territoire retenu va bien au-delà de Rouen, puisqu'il longe la Seine depuis Giverny jusqu'au Havre et fait l'unanimité politique derrière lui. À l'issue de la concertation, trois grands axes de travail ont aussi déjà été retenus : les savoirs partagés, les générations futures et la question de la Seine, qui devrait être centrale. L'équipe a aussi été renforcée avec deux spécialistes des capitales européennes de la culture, dont Pierre Sauvageot, qui a déjà travaillé sur la candidature de Marseille avant même, jusqu'à l'année dernière, de faire partie du jury pour désigner les lauréats. "Le projet m'a semblé intéressant, l'un des plus riches peut-être d'un territoire important", explique le compositeur, conseiller stratégique qui apportera un regard neuf et extérieur sur la candidature. "Je serai là pour dire : attention à qui on parle, voyons ça de Bruxelles, d'un directeur de musée à Budapest", indique-t-il pour mettre en avant la nécessaire portée universelle de la candidature. En cela, la question du fleuve paraît centrale pour le spécialiste. "Comment on arrive à reconquérir le fleuve, c'est une question purement européenne : le Danube, l'Elbe, le Tibre ou le Rhin, c'est la même chose. Il y a un très gros enjeu à l'échelle de l'Europe : comment on les nettoie, comment on les partage, comment ils deviennent des vecteurs d'économie." Dans la question des générations futures, Pierre Sauvageot voit l'occasion de remettre en question "un système culturel qui tire la langue".
Six critères pour juger la candidature
Troisième pilier, celui du savoir-faire et de la culture scientifique, sujet peu traité par les capitales européennes de la culture. "À l'heure où l'on remet tout en cause, la question est très intéressante sur la construction du savoir-faire, les sacrifices qu'il demande… La thématique est très riche et partageable !" Les grands concepts sont donc posés. 2022 sera l'année du concret. "Il y a une belle mobilisation du milieu culturel qui va devoir nous alimenter en idées et en projets : il y a l'Opéra, une scène nationale, un pôle national cirque, un centre national des arts de la rue… il faut avec eux co-construire les projets pour nourrir les thématiques nationales de la candidature". Six critères seront ensuite étudiés par le jury dans le dossier pour les présélections : la stratégie au long cours, le programme artistique et culturel, la dimension européenne, la mobilisation des habitants, la structure de faisabilité et la capacité à arriver au bout du projet. "Quand la stratégie est bonne, le dossier est bon. Après, quand il reste deux projets très bons, des fois, c'est à pile ou face", concède Pierre Sauvageot. Rouen a en tout cas ses atouts et son récit qui se dessine.
Trois parrains pour la candidature
Trois personnalités locales ont d'ores et déjà accepté de parrainer la candidature de Rouen pour devenir capitale européenne de la culture en 2028.
Rilès
À 25 ans, Rilès symbolise la jeunesse et la culture urbaine dans la candidature. Le rappeur rouennais, auteur, compositeur et interprète produit toujours ses sons depuis sa chambre/studio à Déville-lès-Rouen. Avec le projet Rilèsundayz en 2016, il sort une chanson par semaine ce qui le fera connaître. Un défi qu'il a repris cette année. Après son premier album, Welcome to the jungle, le rappeur a séduit la scène internationale et a signé avec un label américain.
Philippe Torreton
Le célèbre acteur de théâtre et de cinéma est né à Rouen. Il a étudié au conservatoire d'art dramatique avant de rentrer à la comédie française en 1990 jusqu'à en devenir sociétaire en 1994. La consécration arrive en 1997, lorsqu'il obtient le César du meilleur acteur pour son rôle dans Capitaine Conan. En 1999, il quitte la Comédie française, mais poursuit une riche carrière sur les planches ainsi que sur le grand et le petit écran.
Marie Dupuis Courtès
Elle est gérante de la Maison Dupuis depuis 2007. L'entreprise familiale de Cailly est spécialisée dans la couverture, la charpente et la maçonnerie et travaille sur les monuments historiques et la rénovation des bâtiments. "La culture, c'est aussi le savoir des mains que l'on a envie de transmettre", annonçait-elle en soutien de la candidature. Marie Dupuis Courtès s'implique aussi pour la formation, notamment au sein de la Fédération française du bâtiment.
Quelle concurrence pour Rouen ?
Si la candidature de Rouen est sérieuse, elle doit faire face à une longue liste de concurrents qui pourrait encore s'allonger.
La liste des candidatures est déjà longue. Pour l'heure, tout comme Rouen, les autres villes candidates sont plutôt des villes ou des métropoles de taille moyenne ou plus petite, à l'exception de Nice.
Nice
Concurrente sérieuse, la Ville de Nice s'est officiellement lancée dans la compétition. "Nous avons fait de la culture une priorité du mandat", a indiqué son maire, Christian Estrosi, à nos confrères de Nice Matin en annonçant un plan d'investissement de plus de 100 millions sur cinq ans. Déjà candidate en 2013, la Ville s'était vue dépassée par Marseille, dans les Bouches-du-Rhône.
Clermont-Ferrand
La Ville s'est lancée très tôt dans la candidature. "Clermont-Ferrand est la ville dont on parle le plus, elle est en avance. Elle a fait des événements préalables. Je ne sais pas si la stratégie est payante", indique Pierre Sauvageot, conseiller stratégique de la candidature rouennaise et ancien membre du jury pour désigner les capitales européennes de la culture.
Parmi les forces aussi, selon lui, le fait que le territoire est clairement défini "au cœur du Massif central".
Saint-Denis
La candidature a été annoncée par le maire Mathieu Hanotin, lors du conseil municipal du jeudi 17 décembre. Une candidature qu'il souhaite inscrire dans la dynamique territoriale des villes de Plaine Commune mais aussi "des banlieues dans leur diversité". Au cœur de la réflexion pour cette candidature, les enjeux des périphéries et de leurs dynamiques. C'est d'ailleurs ce qui a donné le nom du projet : Périféeries 2028. La Ville entend aussi valoriser un patrimoine riche comme la flèche de la basilique Saint-Denis, totem de la candidature, dont la réfection doit justement s'achever en 2028.
Reims
"Parce que rêver ensemble, c'est capital." Reims est aussi candidate pour 2028. La Ville champenoise imagine sa candidature "curieuse, rieuse et légère" dans le dossier de presse.
Et aussi…
Bourges ou Amiens sont aussi candidates. La liste pourrait encore s'allonger dans les prochaines semaines.
La République tchèque
Pour chaque édition, deux pays sont retenus pour accueillir les deux villes qui seront capitales européennes de la culture. En 2028, ce sera la France et la République tchèque. Prendre en compte la seconde ville qui sera retenue "fait partie des figures imposées", témoigne Pierre Sauvageot, qui a été membre du jury. Et selon lui, cet élément n'est pas à négliger pour que la candidature soit complète.
"On voit tout de suite la différence entre ceux qui ont passé un coup de fil pour mettre quelque chose dans le dossier et ceux qui présentent du concret. Ça peut donner des points en plus", explique-t-il en évoquant même des éléments de la programmation.
Une présélection en 2022 et le verdict courant 2023
La candidature pour devenir capitale européenne de la culture est un projet de long terme.
La ville de Rouen a annoncé très tôt son ambition. Dès 2017, elle indiquait vouloir se porter candidate pour devenir capitale européenne de la culture en 2028. En juillet 2018, 25 représentants du monde politique et culturel de Rouen partent pour Leuvaarden au Pays-Bas, alors elle-même capitale européenne pour se rendre compte de l'ampleur du travail à accomplir. Le 29 avril 2019, le projet se concrétise un peu plus avec la création de l'association Rouen Normandie 2028, capitale européenne de la culture, destinée à porter cette candidature et à organiser les différentes phases du dossier. Il a fallu ensuite impliquer le public dans la préparation de la candidature. Une concertation a été lancée, baptisée "Entrez dans le rêve" à l'été 2021. 2 157 contributions ont été apportées par les habitants par le biais de dépôt dans des boîtes à rêves ou lors d'entretiens menés par les Cueilleurs d'histoire, missionnés pour aller à la rencontre des habitants de la Métropole.
Verdict en 2023
En décembre, les grands axes de travail de la candidature ont été dégagés. D'ici la fin de l'année 2022, il faudra rendre le dossier complet de candidature d'environ 80 pages. Le jury passera alors aux présélections. Si Rouen est retenu, elle fera l'objet d'une visite du jury dans le courant de l'année 2023. Fin 2023, la ville française capitale européenne de la culture pour 2028 sera désignée.
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