Longtemps considérée comme une ville rock, dans les années 70 et 80, Le Havre est désormais une ville qui compte dans le milieu rap tricolore.
C'est à la fin des années 90 que le rap émerge au Havre. Deux hommes sont notamment à l'origine de la scène rap havraise : Médine et son producteur Alassane Konaté, alias Sals'a. Tous les deux ont réussi à faire de la cité Océane une place qui compte autant que Paris et Marseille grâce au label Din Records, créé en 1996, devenu MIND. Aujourd'hui, Alassane Konaté dirige Ada (Alternative distribution alliance) chez Warner Music France. Ce rap made in Le Havre intéresse les chercheurs, à l'image de Mohammed Fliti, enseignant à l'université du Havre. Il a réalisé une thèse intitulée "Rappeurs et institutions publiques en France - L'exemple du Havre". "Ce qui a fait perdurer ce label [Din Records], c'est la solidarité de ses membres. Ils habitaient ensemble dans le quartier Mont-Gaillard, où ils vivent toujours. Ils ont grandi ensemble, ils étaient au collège ensemble et ne se sont jamais séparés" explique-t-il.
Entre rap et rock,
"le fond est le même"
Il y a un lieu au Havre qui fait la part belle au rap : la salle de musiques actuelles, Le Tetris. Franck Testaert, son directeur, est en train de réaliser une étude avec l'université sur l'histoire des musiques dans la cité Océane, des années 50 à nos jours. "On s'aperçoit qu'il y a différentes périodes. Le jazz venu des États-Unis s'est imposé après la guerre. Il y a eu ensuite une période plus rock entre les années 70 et 80 avec Little Bob, City Kids, Croaks ou encore Fixed Up. C'est lié à la nature de la ville et son caractère ouvrier, un peu dur. Dans les années 90, il y a eu un creux. Du coup, les musiques rap et électro ont émergé". C'est le rap qui va finalement s'imposer. "C'est une question de génération. Le rap a poussé le rock, même si ce dernier n'est pas mort. Little Bob et Médine remplissent les mêmes salles". Franck Testaert estime d'ailleurs qu'il y a un lien entre les deux styles musicaux. "Ce ne sont pas les mêmes musiques ni les mêmes mots, il y a plein de choses qui diffèrent. Mais le fond est le même".
Le rap havrais ne s'arrête pas à Médine. À l'origine, le rap des quartiers a vu émerger le collectif La Boussole, qui regroupait le célèbre rappeur havrais mais aussi les duos Ness & Cité ou Bouchées Doubles. Alassane Konaté a réussi à structurer le tout. Le rap est devenu un incontournable et a fait des petits. Oumar, Brav ou Tiers Monde ont suivi le mouvement en solo et, plus récemment, Pirate ou Pauline Schaettel, alias Lotti. "Le rap au Havre peut tenir sans Médine. Maintenant c'est ancré. C'est plutôt le rock qui a des questions à se poser sur sa continuité". Pour amplifier encore un peu plus le mouvement, le Tetris est devenu une antenne de Buzz Booster en 2014, ce Printemps de Bourges version rap, avec l'aval de Médine. "On veut faire rayonner Le Havre comme place musicale. Orelsan à Caen fait plus rayonner la ville que Médine au Havre mais Médine a le respect des autres rappeurs".
Au-delà des frontières du Havre
Au-delà du Havre, le rap inspire de nombreux jeunes dans le pays de Caux. Certains arrivent à émerger.
La scène rap du Havre inspire au-delà des frontières du territoire havrais. Les jeunes rappeurs amateurs sont nombreux dans le pays de Caux. Tout ce petit monde commence même à s'organiser.
Les réseaux sociaux
Loin des gros labels, les talents émergents misent sur les réseaux sociaux. Ulrick Mastah, frère et producteur du rappeur fécampois Cordier, a créé un média rap sur Facebook, il y a deux ans : 76 Sur La Plaque. Il fait désormais la promotion d'une cinquantaine de jeunes artistes sur l'ensemble de la Seine-Maritime. En haut de l'affiche, il y a bien sûr son frère Cordier. Voilà 10 ans qu'il rappe et connaît un petit succès. En 2016, il arrive même à faire plus d'un million de vues avec son clip Woulax, tourné près de Marseille. En 2019, il se fait également remarquer avec le groupe FCP CORP (Cordier, Molovic et Zikrs). Le clip La Base, tourné à Dieppe, fait plus de 140 000 vues sur YouTube.
Avec son média 76 Sur La Plaque, Ulrick Mastah déniche de jeunes rappeurs et les aide dans leur carrière : trouver un studio, faire un clip ou tout simplement partager leur travail. Parmi les derniers arrivés, LM de Yerville. Il commence tout juste et vient d'intégrer la plateforme. Il a déjà quelques milliers d'abonnés sur les réseaux sociaux. On peut aussi citer Dymhaine 76 de Bolbec, 31 000 vues pour son clip Soi-disant sur YouTube ou encore Widy d'Elbeuf, qui commence à faire parler de lui depuis un an.
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Le Havre, la galaxie du rap française, je rêve, j'hallucine !!!!
Mon dieu, quelle horreur cette pseudo musique.