Partir. Tout quitter. Changer de vie. Thomas Moniotte et Chloé Zeitter l'ont fait. Originaires des Yvelines, les vingtenaires se sont installés en 2020 au Sap, une commune située à quelques kilomètres de Vimoutiers. Dans ce village d'à peine mille habitants, ils réalisent leur rêve et bâtissent leur ferme biologique.
"Avoir les mains dans la terre"
"Nous n'avions aucune connaissance dans l'agriculture. Nous avions juste planté des tomates cerises et du basilic sur notre balcon", confie Thomas. Ironie du sort, l'envie de "tout plaquer" est venue à celui qui a été ingénieur pendant quatre ans dans une start-up qui développe des pompes cardiaques à la suite d'un problème au cœur, en novembre 2018. "Lorsque je suis retourné au travail après un mois d'arrêt, j'ai tout de suite compris que rester derrière un écran n'était pas fait pour moi. Il me fallait du concret. Avoir les mains dans la terre." Mais tout quitter ne s'improvise pas. Après en avoir parlé à Chloé, sa compagne, Thomas s'est lancé dans une formation de neuf mois dont il est ressorti diplômé d'un Brevet professionnel agricole. De son côté, Chloé en a profité pour obtenir son diplôme d'avocate, "même s'il n'allait pas servir", puisqu'elle a tout de suite adhéré au projet. Petit à petit, l'idée de quitter la région parisienne pour devenir maraîcher a germé jusqu'à ce qu'ils trouvent la maison idéale.
La petite maison dans la prairie
Au bout de plusieurs mois passés à écumer les sites de ventes immobilières, les deux amoureux tombent sur une maison d'une centaine de mètres carrés, au Sap. Point fort, une ancienne prairie de cinq hectares jouxte la demeure. "Un sol parfait pour entamer une agriculture biologique." De leur rencontre en classe de seconde à leur emménagement en pleine campagne, le couple ne rêve plus que d'une chose : "Faire plaisir aux Sapiens en faisant pousser de bons produits."
Pour le moment, leur petit paradis n'en est qu'à ses débuts. Un bâtiment "qui n'est pas en super bon état" doit être rénové pour en faire un lieu de stockage. Début 2022, deux grandes serres doivent venir s'ajouter à la première déjà installée. Le couple va également retrousser ses manches. Des tranchées doivent être creusées pour créer un circuit d'irrigation. Ils souhaitent que ce "lieu de vie" soit agréable. "Le fait qu'il y ait un point d'eau, de la faune et des fleurs est très important pour nous, mais aussi pour les clients qui viendront acheter nos produits à la ferme." Ces produits seront des tomates, des carottes, des haricots, des courgettes, voire des fruits, destinés à une commercialisation en circuits courts.
Ici, dans dix ans !
Le projet tient une partie de ses racines d'une soirée chez les parents de Chloé. "Sa mère a toujours rêvé d'avoir une grande maison à la campagne où les enfants auraient une dépendance", raconte Thomas. Selon Chloé, "chaque personne aurait sa mission, quelqu'un s'occuperait du maraîchage, un autre du pain, puis un suivant des moutons… Un vrai fonctionnement de famille !" Une vision idéalisée de l'agriculture à l'heure où celle-ci s'intensifie davantage chaque jour pour répondre à la nécessité de nourrir de la planète. Peu importe, lorsque l'on demande où le couple s'imagine vivre dans dix ans, il répond : "Ici évidemment ! Avec des enfants, un chien, des ruches et un verger… On souhaite devenir une petite ferme familiale."
Agriculteurs adoptés
À leur arrivée au Sap, Thomas et Chloé ont été bien accueillis. Petit à petit, leur projet de ferme bio se concrétise.
Accueillis à bras ouverts
L'herbe est toujours
plus verte au Sap
À leur arrivée, le couple craignait de ne pas être accepté par la population locale. Mais les Sapiens ont accueilli Thomas et Chloé à bras ouverts. "Lorsque nous sommes allés faire le tour des commerçants dans le centre-ville du Sap, nous avons très bien été reçus !", se réjouit Chloé. Thomas se souvient d'une soirée qui a renforcé les liens entre le couple et certains locaux. "Nous sommes allés au bar à 18 heures boire une bière, et on est repartis à 4 heures du matin." La fête s'est poursuivie derrière le rideau de fer, avec quelques verres de calvados.
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Des circuits courts
Le couple souhaite limiter
son impact environnemental
C'est à bord d'un "vieux Ford Transit" que Thomas et Chloé vont sillonner les routes des villages environnants. Ils comptent vendre leurs légumes sur les marchés. Évidemment, celui du Sap ne sera pas oublié. Afin de favoriser le circuit court, un partenariat avec l'école du village où ils sont installés doit être concrétisé. "Cela permettra aux enfants de manger des produits de qualité qui ont poussé à côté", confie la jeune agricultrice.
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Fruits, légumes et ruches
Le secret de
la réussite : se diversifier
Si la production de légumes issus de l'agriculture biologique est la priorité pour Thomas et Chloé, ils ne comptent pas s'arrêter là. Dans un avenir proche, ils espèrent pouvoir installer dans leur ferme quelques ruches et un "petit" verger. "Nous voulons sortir en quantité suffisante des produits bio, sans utiliser de produits chimiques. Le but n'est pas de produire en grande quantité, mais de produire de la qualité. Diversifier la production permet de rendre l'espace plus agréable, d'autant plus que les habitants pourront venir à la ferme", explique le couple.
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Agriculteur, un vrai métier
Travailler dans l'agriculture,
ça ne s'improvise pas !
Fraîchement débarqués de la région parisienne, Thomas et Chloé n'avaient aucune connaissance dans le monde agricole. "Nous nous sommes beaucoup documentés sur le sujet", expliquent-ils. De la lecture d'ouvrages à l'intégration d'un groupe de maraîchers, le couple a mis toutes les chances de son côté pour mener à bien son projet. "Les maraîchers du coin nous ont vraiment beaucoup aidés. Ils sont tous bienveillants !"
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