Quel enseignement tirez-vous du cas Petroplus ?
“Cette situation est trois fois emblématique. J’y vois l’abandon de l’économie réelle par les banques et le système financier, l’absence de stratégie industrielle de Petroplus et de son prédécesseur Shell, mais aussi de l’Etat, et enfin l’incapacité de l’Union européenne à protéger son industrie. Ce qui se joue-là, c’est la vision de la France dans la mondialisation. Je combats l’idée qu’elle devienne un pays sans industrie, une nation-musée.”
Avec François Hollande, comment comptez-vous redresser l’industrie ?
“Nous croyons en un nouvel interventionnisme des puissances publiques : agglomérations, régions, Etat, Union Européenne. François Hollande est le premier à mettre le redressement productif et le patriotisme industriel au cœur de son projet. Nous avons fixé trois priorités : réorienter la fiscalité et l’épargne vers l’investissement productif plutôt que vers la rente et la sphère financière, structurer les filières d’avenir, qui permettront à la France de faire la course en tête dans la mondialisation, et investir dans la recherche et l’innovation, pas seulement technologique, également environnementale et sociale”
Comment financer cette ambition ?
“La création d’une banque publique d’investissement sous forme de fonds régionaux, proposition que je porte depuis trois ans, en serait le levier principal. Elle serait massivement abondée au plan financier grâce au regroupement d’outils existants, tels que le Fonds stratégique d’investissement, Oséo, le volet entreprises de la Caisse des dépôts et consignations, etc. Ces outils sont excellents, mais perdent aujourd’hui leur effet levier en se faisant concurrence.”
Selon vous, la réponse doit aussi être européenne...
“Il n’y aura pas de redressement productif sans réorientation des politiques monétaire, commerciale et de la concurrence européennes. Il faut introduire de la réciprocité dans nos échanges. Par exemple, l’Europe doit mettre en place une taxation environnementale des produits importés ne respectant pas nos normes. Il s’agit d’une bataille de conviction qu’il faudra mener en Europe si François Hollande est élu.”
L’industrie sera-t-elle l’un des grands thèmes de cette campagne ?
“Je le crois, car il ne peut y avoir de développement sans industrie. C’est un gisement irremplaçable d’emplois, d’innovation et de formation. Sans sursaut productif, notre continent risque d’être relégué en deuxième division des nations.”
Propos recueillis par Thomas Blachère
Une vie, cinq dates
1974 : naissance à Elbeuf
2001 : devient maire-adjoint de Cléon
2008 : nommé secrétaire national du PS à l’industrie
2010 : devient vice-président du Conseil régional de Haute-Normandie
2011 : dans l’équipe de campagne de Mme Aubry puis de François Hollande. En charge du pôle “veille, arguments, riposte”.
Photo Jean-Pierre Sageot/Région Haute-Normandie
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