"Après le rapport, je me suis dit 'c'est pas possible', j'ai pensé à remettre ma charge d'évêque", explique Dominique Lebrun, l'archevêque de Rouen. Ce rapport, c'est celui de la Ciase, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église, remis au début du mois d'octobre.
Il a fait état de 216 000 victimes mineures agressées sexuellement par des clercs ou des religieux en France depuis 1950. Pour le diocèse de Rouen, 45 victimes ont été identifiées depuis 1950, à partir des archives. Parmi elles, 27 ont pris contact avec les services de l'archevêché ou ont été connues par l'intermédiaire de procès depuis les années 2000. Une dizaine de victimes se sont déclarées depuis moins de deux mois, après les révélations de la Ciase. À cette heure, 17 auteurs d'abus sexuels ont été identifiés, dont 11 sont décédés.
200 000 euros pour le fonds de la solidarité
Depuis le rapport, le 5 novembre, les évêques rassemblés à Lourdes ont reconnu la responsabilité institutionnelle de l'Église. Ils ont décidé de la création d'un Fonds de secours et de lutte contre les abus sur mineurs (fonds Selam), destiné à l'indemnisation des victimes. L'instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation sera chargée d'étudier les cas de chaque victime et de décider du montant de l'indemnisation, à payer à partir du fonds Selam. Dans un premier temps, il sera doté, dès janvier, de 20 millions d'euros au niveau national, mais "les besoins des victimes seront la jauge", insiste l'archevêque de Rouen. Il estime à cette heure à 200 000 euros la contribution nécessaire de son diocèse. 64 000 euros ont d'ores et déjà été fléchés vers ce fonds. Il s'agit de legs de prêtres, eux-mêmes auteurs d'agressions sexuelles. "Ca nous semblait une décision logique, assure Dominique Lebrun. La première responsabilité, c'est aussi celle de ces prêtres qui ont abusé."
Pour le reste de la facture, le diocèse compte sur son patrimoine, estimé à 36,4 millions d'euros. Et dans ce patrimoine, 22,5 millions d'euros constituent de l'immobilier et 2,7 millions des œuvres d'art. La mobilisation de fonds venant d'opération en cours, comme la vente de l'ancienne maison diocésaine de Bonsecours, est privilégiée.
Pas d'appel aux dons
Comme le recommande la Ciase, aucun appel aux dons spécifique n'est lancé par les diocèses. L'argent du denier de l'Église, de la quête ou des offrandes ne sera en aucun cas fléché vers le fonds Selam. Rien n'empêche en revanche les fidèles de faire un don directement vers ce fonds national, s'ils le souhaitent.
Au-delà des réparations financières, l'Église souhaite continuer l'accompagnement des victimes. À Rouen, les 27 personnes victimes identifiées depuis les années 2000 sont invitées à une nouvelle rencontre en décembre. Il s'agit de préparer un temps fort de mémoire pour ces victimes, prévu le dimanche 20 mars, pendant le Carême, un moment de pénitence pour les catholiques.
Une cellule d'écoute pour les victimes d'abus sexuels a été mise en place par le diocèse par mail : ecoute.victimes.diocese.rouen@orange.fr Une ligne d'écoute nationale a aussi été ouverte : 01 41 83 42 17
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