Il y a sur le compte Facebook Magalie on pense à toi, un pêle-mêle de ses photos. On la voit entourée de ses amis, de ses parents, de ses collègues, aux côtés de son jeune frère Cédric, on la voit attablée lors de soirées d'anniversaires, aux sports d'hiver ou sur la plage.
Des photos la montrent aussi à la piscine, entourée de ses élèves de natation synchronisée, ou lors d'un semi-marathon à Amsterdam, elle est aussi accompagnée de ses copains de la SNCF où elle travaillait, ceux qui ont créé la course entre deux O, un rendez-vous annuel pour lui rendre hommage. C'était samedi dernier, au Stade Hélitas à Caen.
On la voit toujours souriante, avec de grands yeux, un délicieux mélange de bleu et de vert, son regard est lumineux, bienveillant. Cela se voit aux photos qui défilent sur le réseau social, toutes extraites de son ordinateur, c'est une belle personne. Pierre, un jeune Caennais de son âge et qui l'a croisée autrefois lors des raids aventures de la ville de Caen, se souvient d'elle comme une "sacrée battante, énergique, toujours souriante".
On se dit en regardant les photos de sa vie : mais comment font-ils ? Comment font Éric et Patricia, ses parents, pour supporter l'insupportable ? Comment font-ils pour ne jamais lâcher, toujours se battre pour un jour espérer connaître la vérité sur la mort de leur fille ? On se dit qu'ils sont formidables, comme devait l'être Magalie, fauchée à 28 ans, assassinée dans des circonstances mystérieuses.
"La vie sans elle,
c'est très compliqué…"
La jeune femme qui s'apprêtait à devenir pompier a disparu le 17 décembre 2013, en Martinique. Elle y avait rejoint une amie qui, depuis, n'a jamais plus donné de nouvelles aux parents de la jeune Caennaise. Magalie était partie seule en randonnée. On retrouvera son corps dans une ravine, un peu plus d'un mois plus tard, sans qu'on sache, huit ans après les faits, ce qu'il s'est réellement passé.
Magalie Méjean était âgée de 28 ans.
Quatre juges d'instruction se sont succédé, sans résultat. Le quatrième - une femme en poste depuis septembre 2020 à Fort-de-France - n'a donné aucune nouvelle aux parents de Magalie, pas le moindre coup de téléphone pour dire où en est l'enquête, pas une lettre, rien.
Depuis le début de l'affaire, les Méjean ont le sentiment d'être face à une omerta qui ne dit pas son nom. Ils ne lâchent pas prise pour autant. "On veut savoir : qui, quand, où ?" Qui a tué Magalie ? Quand ? La date réelle de sa mort n'est pas connue. Où ? La ravine où son corps fut retrouvé est-elle l'endroit où elle a été assassinée ? Rien n'est moins sûr.
L'enquête, rappelle Éric Méjean, a connu des loupés de toutes sortes dès le début. Et dès le début, le couple a compris que les choses ne tournaient pas rond. Ce sont eux qui, en allant sur place, ont retrouvé l'appareil photo de leur fille laissé à l'abandon. "La scène où son corps a été découvert n'avait même pas été gelée. Les gendarmes faisaient profil bas. Si le procureur à l'époque avait pu classer la mort de notre fille en accident, il l'aurait fait !" Sauf que le meurtre a bel et bien été établi.
Dans leur pavillon à Bretteville-l'Orgueilleuse, Éric, ancien adjudant-chef des sapeurs-pompiers de Caen, et Patricia, autrefois chargée d'accueil à la Caisse d'allocations familiales, disent que la vie ne sera plus jamais la même. Patricia, qui a arrêté les médicaments il y a peu, est suivie par un psychiatre et n'a jamais repris le travail. Elle retient ses larmes : "C'est très compliqué."
Patricia et Éric ont planté dans leur jardin un petit olivier. C'est devenu un bel arbre, qui donne chaque année des olives. Ils l'ont planté pour Magalie. À ses pieds, une petite plaque et son visage gravé sur la pierre. "Chaque jour qui passe, Magalie est avec nous." Chaque jour qui passe est un combat synonyme aussi de colère. "La mort d'un enfant, il n'y a pas de mot pour cela. Notre combat pour elle, c'est ce qui nous maintient en vie."
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