Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, est installé dans la cité Océane depuis 2011. À 70 ans, l'homme d'église devrait tenir les rênes du diocèse jusqu'à sa retraite, à 75 ans.
Jean-Luc Brunin est né en 1951 à Roubaix, dans le Nord. Il est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants (deux frères et trois sœurs). Il a passé toute son enfance dans un quartier ouvrier de la ville, son père travaillant pour une entreprise de textile. Il n'y avait pas de religieux dans sa famille. "Mes parents étaient des chrétiens, mais pas des piliers de l'Eglise. Pour autant, ils étaient soucieux de l'engagement dans la vie du quartier. Mon père était syndicaliste CFDT. J'ai fait mon catéchisme et, avec mon frère, on était dans l'enseignement catholique. L'école n'était pas loin." Si certains sont touchés par la foi comme un coup de foudre, le cheminement de Jean-Luc Brunin a été tout autre. "À mon adolescence, j'étais dans un collège de religieux. Ils étaient nos enseignants. On partait en camp avec eux. Les élèves qui le souhaitaient pouvaient aller prier avec eux. Ils témoignaient d'une fraternité. Dans ma tête d'ado, la fraternité et la prière, ça faisait un ensemble. C'est ce qui a fait monter en moi cette volonté de vivre cette vie." C'est cette vie en communauté qui a forgé sa foi. "Si on veut être en relation avec le Christ, on vit une vie fraternelle. Pour moi, c'est resté l'essentiel dans ma démarche de foi." Jean-Luc Brunin est devenu frère mariste et a enseigné le français. C'est l'évêque de Lille qui lui a demandé de devenir prêtre. "J'ai fait mon séminaire. Je suis devenu diacre puis prêtre, mais j'ai continué à enseigner. J'étais aumônier de lycée. Je n'ai jamais été curé, je n'avais pas de paroisse."
"On ne demande pas
à devenir évêque"
Cette vie en communauté avait de quoi satisfaire pleinement Mgr Jean-Luc Brunin mais, en 2000, l'homme est nommé évêque. "J'ai été appelé à la nonciature à Paris (l'ambassade du Vatican). Le nonce m'a annoncé que le pape Jean-Paul II m'avait nommé évêque. J'ai été très surpris. Je n'étais qu'un prêtre de terrain. On ne demande pas à devenir évêque." Et ça ne se refuse pas non plus. Dans un premier temps, il est évêque auxiliaire, pour seconder l'évêque de Lille. En 2004, il est nommé évêque de Corse. Il y restera sept ans. "C'est très différent du Nord, avec un catholicisme et une religiosité populaires." Si Mgr Jean-Luc Brunin garde de très bons souvenirs de la Corse, il ne s'y est pas fait que des amis. "Quand je suis arrivé, je me suis aperçu que des réseaux mafieux s'étaient infiltrés dans l'église et des prêtres étaient impliqués. J'ai mis ça dans les mains de la justice. J'ai subi des pressions et des menaces."
En 2011, Mgr Jean-Luc Brunin est nommé au Havre, pour succéder à Mgr Michel Guyard, parti à la retraite. "Au Havre, j'ai retrouvé un catholicisme social que j'avais connu dans le Nord." Pour l'anecdote, l'évêque a été marqué par les corsos fleuris. "Je ne connaissais pas. Je trouve ça extraordinaire. C'est une réalisation de chaque quartier. Il y a là une culture participative qui me paraît riche." Mgr Jean-Luc Brunin voit de la fraternité partout. C'est ce qui l'anime. Il est notamment très sensible à la question des migrants, lui qui a été président du Comité épiscopal des migrations. "L'Église est en service d'humanité. On ne peut pas prétendre annoncer l'Évangile en se désintéressant de la détresse des autres. On est faits pour vivre ensemble."
Diocèse du Havre
Maisons d'église
Des lieux d'accueil
pour tous
Mgr Jean-Luc Brunin voulait des lieux d'accueil pour les non-pratiquants. Les Maisons d'église sont des espaces intermédiaires où les chrétiens se déplacent vers les autres, à la rencontre de personnes en recherche. Elles sont au nombre de six : au Havre, le centre marial dans le quartier de l'Eure, le Sacré Cœur dans les quartiers Mont-Gaillard Mare-au-Clerc, le Havre des familles près de l'église Sainte-Anne et la salle paroissiale de Sanvic, ainsi que Sainte Anne (ancienne école) à Bolbec et Oasis à Fécamp.
Les prêtres
Le manque de
vocations
Comme tous les diocèses, celui du Havre manque de prêtres. Ils sont au nombre de 37 dont 11 viennent d'Afrique. Des conventions sont passées avec des diocèses de Brazzaville, de la République démocratique du Congo et du Rwanda. Le dernier prêtre ordonné au Havre l'a été en 2015. L'église peut aussi compter sur 17 diacres (des civils qui ne pourront pas devenir prêtres) pour animer des baptêmes ou des mariages. Le diocèse compte 21 paroisses.
Cathédrale
Notre Dame dans l'ombre
de Saint Joseph
De nombreux Havrais pensent que l'église Saint Joseph est la cathédrale du diocèse mais ce n'est pas le cas. "J'ai été interpellé dès mon arrivée, confie Mgr Jean-Luc Brunin, par Antoine Rufenacht et Édouard Philippe me demandant de mettre la cathédrale à Saint Joseph. Mais c'est le Vatican qui a fait le choix de Notre Dame en 1974. C'est vrai que Saint Joseph est le symbole de la renaissance de la ville mais Notre Dame aussi puisqu'il ne restait que le cœur et la façade après la guerre. Je ne crois pas que Rome revienne sur sa décision. Et ce n'est pas essentiel."
Noël
La naissance du Christ,
un appel à la fraternité
Noël, pour Mgr Brunin, permet de renouer les liens familiaux. "C'est un appel à la fraternité. Ce n'est pas inutile en cette période où on a de plus en plus de mal à se supporter. On joue les uns contre les autres. L'esprit de Noël, c'est tout l'inverse. Nous sommes faits pour vivre ensemble, pas pour s'exclure ou pour mettre des murs pour nous protéger de ces personnes qui viennent d'ailleurs, qui sont différentes. Ces discours d'exclusion et de rejet, ça m'est insupportable."
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