Deux ans après le "Grenelle" contre les violences conjugales, "l'impunité doit cesser. L'éducation à l'égalité doit devenir une priorité", martèle l'appel à manifester, porté par le collectif féministe #NousToutes et une soixantaine d'associations, syndicats et partis politiques.
Le droit des femmes à "vivre à l'abri des violences" est "bafoué chaque jour dans une indifférence qui nous sidère", affirment encore les initiateurs de ces défilés, organisés en amont de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre.
A Paris, où la manifestation avait attiré il y a deux ans 100.000 personnes d'après les manifestants (35.000 selon la police), le cortège pourrait de nouveau mobiliser des dizaines de milliers de manifestants, selon les organisateurs. Le départ est prévu à 14h place de la République, direction Nation.
Avec ces manifestations, les militants espèrent "crier leur colère", mais également interpeller les candidats à l'élection présidentielle et "dénoncer le décalage" entre les "discours (des pouvoirs publics) et la réalité", a affirmé à l'AFP Marylie Breuil, du collectif féministe #NousToutes.
Les moyens déployés contre les violences faites aux femmes et les féminicides sont "dérisoires", malgré les progrès enregistrés depuis le "Grenelle", fin 2019, déplore Mme Breuil.
En France, quelque 220.000 femmes sont victimes de violences et 94.000 sont violées chaque année, relève #NousToutes. Et depuis le 1er janvier, 101 femmes ont été tuées par leur conjoint, selon le décompte du collectif "Féminicides par compagnon ou ex". Pour l'ensemble de l'année 2020, le chiffre avait atteint 102 féminicides, et 146 en 2019, selon le ministère de l'Intérieur.
Jadot et Hidalgo attendus dans le cortège
Les organisations féministes estiment que l'Etat devrait consacrer un milliard d'euros par an à cette lutte, au lieu de 360 millions aujourd'hui.
Elles demandent également des mesures de "prévention": "Il faut apprendre aux plus jeunes ce qu'est le consentement, et que tous les collégiens ou lycéens passent un brevet d'éducation à la non-violence, sur le même modèle que la sécurité routière", a détaillé Mme Breuil.
Les associations demandent par ailleurs un effort supplémentaire pour créer davantage de places d'hébergement pour les femmes qui fuient leur conjoint violent.
Dans une telle situation, environ 40% des victimes ne se voient proposer aucune solution d'hébergement, et seules 12% obtiennent une place adaptée, avec un accompagnement juridique et psychologique, selon un rapport publié jeudi par la Fondation des femmes.
La marche parisienne de samedi doit être ouverte par des jeunes, lycéens et étudiants, et comprendra un cortège de familles de victimes de féminicides.
Plusieurs personnalités sont annoncées, dont les candidats à la présidentielle Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Philippe Poutou, ou les comédiennes Sandrine Bonnaire - elle-même ancienne victime de violences conjugales - et Muriel Robin, qui a incarné sur TF1 Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir tué son mari violent.
La manifestation sera également l'occasion de dénoncer l'inceste, les violences pédocriminelles ou subies par les enfants dans le cadre conjugal, ont précisé les organisateurs, qui attendent sur place la comédienne et réalisatrice Andréa Bescond, autrice des "Chatouilles", ou François Devaux, qui se bat contre la pédocriminalité dans l'Eglise catholique.
Pour la première fois, un "cortège chrétien", porté par des "organisations chrétiennes féministes et LGBTQIA", a d'ailleurs annoncé qu'il prendrait part au cortège parisien, "autour des victimes de violences sexistes et sexuelles dans nos Églises". "Les institutions chrétiennes sont nombreuses à mener de violents combats pour imposer des stéréotypes discriminants" et une "hiérarchisation des sexualités", pointe ce collectif.
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