Rien ne prédestinait Michaël Joppa à devenir armateur. Les souvenirs maritimes de son enfance, c'est avant tout les baignades, à la plage du Havre. "On prenait le bus n°12", se souvient le jeune homme de 34 ans, qui a grandi dans le quartier du Mont Gaillard, sur les hauteurs.
"J'ai fait une première marée,
ça m'a plu"
À 12 ans, il déménage dans le quartier Saint-François. "C'est là que j'ai découvert le petit port, le marché aux poissons…, poursuit-il. Après le bac, j'ai fait une première marée, ça m'a plu." Embarqué comme matelot sur le bateau de son copain Pierre Becquet, issu d'une famille de pêcheurs havrais, Michaël apprend les rudiments du métier. "Remonter le chalut, ramasser, trier, classer le poisson par taille, par espèce… Le travail est simple. C'est plutôt les conditions qui peuvent être compliquées." Pour sa première, le Havrais a de la chance : "C'était par beau temps ! C'est surtout l'odeur qui m'avait frappé. Mais rapidement, on n'y fait plus attention", se souvient Michaël Joppa. Des galères, il y en a eu, comme cette fois où il se blesse à la main dans le câble du treuil.
Une affaire de famille
Mais le marin-pêcheur retient surtout les privilèges de son métier : "Ce que je préfère, c'est partir et revenir. On s'en va au coucher du soleil, avec les reflets dans l'eau… L'autre jour, j'ai vu des marsouins, c'est magnifique. Et puis, au petit matin, on est heureux de retrouver le port. Il y a une sensation de liberté que vous n'avez pas dans un travail normal, derrière un bureau."
En août 2020, Michaël Joppa se lance comme armateur, avec son associé, Tomy Bouchet. Le duo achète un chalutier de 6,40 m. Son nom ? Le Lylambre. "Inspiré par Lylou, ma fille de 7 ans, et par la fille de Tomy, Ambre", éclaire le marin. Sole, carrelet, coquille Saint-Jacques… De Deauville à Antifer, Michaël taquine le poisson plusieurs nuits par semaine. "Ce que je faisais pour les autres, je préfère le faire pour moi-même. Mais quand vous êtes patron, toutes les galères, l'administratif, la sécurité, c'est aussi pour vous !" C'est son beau-père, Jérôme, qui vend le fruit de la pêche, au marché aux poissons. Son épouse, Johanna, s'investit à sa manière, pour faire la promo du bateau sur les réseaux sociaux. Quand elle n'a pas école, la grande Lylou vient souvent à Saint-François, avec son petit frère Liam, qui vient de souffler sa première bougie. Seront-ils pêcheurs, à leur tour ? "Qu'ils fassent un métier qui leur plaise, c'est ça l'important."
Infos +
Michaël Joppa travaille dans le quartier Saint-François, le quartier historique des pêcheurs au Havre
Il est frais mon poisson !
Outre le marché aux poissons, la production du Lylambre est désormais proposée aux clients de l'Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) du quartier Danton. Tous les quinze jours, un panier de poissons frais à 20 euros est proposé. Un système que l'associé de Michaël Joppa expérimentait déjà en région parisienne. "C'est bien, cela crée du lien", estime le pêcheur.
Le quartier Saint-François
sur Facebook
Les amoureux du quartier Saint-François ont leur page Facebook, animée depuis février 2019 par Martine Toto Depierre. Elle y partage les actualités des commerces du quartier, des archives, mais surtout des photos des navires du petit port et des portraits de pêcheurs. "Je viens au marché aux poissons depuis que j'ai six ans, j'en ai soixante aujourd'hui, confiait-elle fin septembre, appareil photo à la main pour immortaliser la manifestation des pêcheurs contre les éoliennes en mer, à laquelle participait d'ailleurs Michaël Joppa. Il y a un attachement par rapport à eux, à la dureté du métier, à leur courage et au courage aussi des femmes marins-pêcheurs", poursuit l'administratrice de la page Facebook Mon Saint François, qui compte aujourd'hui 1 400 membres.
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Bravo pour ce choix de vie. J'admire le courage, la volonté et la prise de risques !