Lundi 15 novembre, les cinquante lutins qui assurent le secrétariat du père Noël dans les bureaux de La Poste, à Libourne (Gironde), ont repris leur service annuel. Logistique extraordinaire, jusqu'au 17 décembre, ils vont répondre en français ou en anglais à 1,25 million de lettres ou de mails envoyés par des enfants du monde entier. Lors de son lancement en 1962, ce service n'avait reçu que cinq mille courriers ! Mais 59 ans après, ce qui, de génération en génération, est devenu un incontournable de Noël, perdure, toujours aussi magique lorsque le facteur apporte la lettre de réponse aux enfants. Chaque année en décembre, c'est un peu comme si le temps était suspendu. Comme si d'horribles actualités allaient arrêter de tomber à longueur de journée sur les chaînes d'info en continu. Comme si nous avions tous besoin, l'espace d'un moment, de mettre de côté les trop nombreuses contraintes du quotidien.
La trêve de Noël
Pour que la magie soit un peu plus présente, certains y mettent tout leur cœur. À titre individuel, par exemple, en décorant sa maison de multiples décorations électriques et scintillantes, comme s'il fallait partager sa joie du moment avec les autres et insister : "C'est le temps de Noël, de la fête, du partage, d'une certaine sérénité." Mais la démarche individuelle devient bien souvent collective, à l'échelle du hameau, du quartier, du village. Voire de tout un secteur, comme avec les Villes et Villages illuminés du Bocage, où des centaines de bénévoles œuvrent chaque hiver depuis 1996 pour illuminer La Sauvagère, Saint-Mars-d'Egrenne, Céaucé, Beauchêne, La Michaudière, Mantilly, Rouellé, Saint-Germain-du-Crioult et tant d'autres endroits qui brillent de tous leurs feux, attirant des milliers de visiteurs à pied, en voiture, et même venus en autocars découvrir tous ces phares qui illuminent la campagne normande durant les fêtes, jusqu'au 2 janvier prochain.
Les petits lutins du père Noël
À Noël, certains assisteront à la messe de minuit, dans des églises où souvent des bénévoles ont installé une crèche, rappelant le vrai sens de cette fête trop souvent réduite à un simple événement commercial, coincé entre le Black Friday et les soldes qui débuteront le 12 janvier. Pour que tout soit réussi, des artisans ont travaillé depuis déjà bien longtemps à produire, par exemple du foie gras, ici dans l'Orne. Citons aussi tous les bénévoles qui œuvrent dans les différentes antennes des Restos du Cœur et dans toutes les associations caritatives pour essayer de fournir des repas améliorés aux plus démunis à l'occasion de cette fin d'année. Sans oublier bien sur les producteurs de sapins de Noël, il y en a aussi dans l'Orne. Depuis début novembre, leurs journées de travail sont interminables pour permettre à chacun d'avoir son arbre à décorer, au pied duquel le père Noël viendra déposer quelques cadeaux le 25 décembre. Pour cette enquête, nous avons rencontré quelques-uns de ceux qui œuvrent en coulisse pour que la fête soit plus belle.
Voyage, voyage, sur la route sacrée des crèches
Vingt communes autour de Putanges se sont alliées pour lancer la cinquième édition de la Route des crèches.
Vingt communes autour de Putanges, entre Flers et Argentan, se sont alliées pour lancer la cinquième édition de la Route des crèches. Un parcours où "tout le monde peut découvrir la richesse de nos villages", selon Isabelle Moiteaux, maire de Neuvy-au-Houlme, à l'initiative du projet.
Promouvoir le patrimoine
Créée en 2016, la Route des crèches ne comptait au départ que sept participants. Mais au fil des années, les communes voisines se sont prises au jeu. Vingt crèches seront installées dans les églises de chaque village du 18 décembre au 16 janvier. "Nous essayons de mettre en avant le patrimoine", explique Isabelle. Le public pourra voir les crèches tous les jours, de 10 heures à 18 heures. La maire se souvient avoir rencontré une famille venue spécialement de L'Aigle pour faire la Route des crèches. "Ça vient de partout, nous avons même des groupes d'autocaristes qui voudraient la faire !", se réjouit-elle.
Au travail !
Les crèches ne vont pas se construire seules. Dans chaque commune, des bénévoles se mobilisent pour construire ces "magnifiques" crèches. Non, elles ne ressembleront pas à celles que l'on peut acheter dans la grande distribution. "Des éléments naturels comme des pierres avec de la mousse, des branchages et écorces, viendront les décorer."
160 000 sapins produits chaque année à Ciral
L'entreprise Boul, à Ciral, produit des sapins de Noël. Environ 160 000 chaque hiver !
Cent soixante mille sapins de Noël sont produits annuellement par l'entreprise Boul, située à Ciral.
L'entreprise est née presque par hasard : "Mon père était sylviculteur. Un jour un client qui lui avait commandé des sapins n'est pas venu les chercher. Pour ne pas les perdre, mon père les a plantés et il les a écoulés quelques années plus tard, pour Noël. C'était il y a un peu plus de quarante ans", explique Fabien Boul qui, avec ses deux frères Ludovic et Franck, gère l'entreprise familiale depuis une quinzaine d'années. "On est agriculteurs spécialisés dans la production de sapins de Noël." C'est au milieu d'une parcelle de sapins, au pied du Mont des Avaloirs, qu'il nous reçoit : "Une parcelle où on avait déjà planté des sapins après notre installation et là, on est en train de récolter notre deuxième culture à cet endroit."
Cinq ans de pousse
"Le plant de sapin est mis en terre à l'âge de quatre ans, c'est un boulot qu'on fait en octobre." Ensuite, le sapin pousse pendant cinq ans avant d'être coupé, "il mesure alors entre 1,50 et 1,75 m". Une longue attente qui nécessite beaucoup de terrain : "On a cent cinquante hectares de sapins de Noël", précise le producteur, alors qu'à quelques mètres de lui, un équipage tourne à plein régime : sapin coupé, pied taillé en biseau pour s'encastrer facilement dans un support, mise dans un filet. Puis, après la mise en palette, le sapin de Noël sera alors prêt à être chargé sur un camion, expédié dans tout l'ouest, et même dans toute la France. "Le gros rush de notre activité est concentré sur quelques semaines, on attend le plus tard possible pour qu'une fois coupés, les sapins restent bien frais jusqu'à fin décembre. À partir du 15 novembre, pas loin de soixante-dix personnes, des saisonniers, sont au travail, et on coupe dix mille sapins tous les jours." Ce sont généralement les mêmes personnes qui reviennent tous les ans, après les vendanges et avant la saison des huîtres.
L'entreprise met un point d'honneur à ne pas faire venir de l'étranger de la main-d'œuvre à bas coût. "Ce que je dis souvent aux ouvriers, c'est : 'Pensez aux petits enfants quand ils vont être au pied de leur sapin à ouvrir leurs cadeaux, c'est ça qui nous donne l'envie d'avancer'."
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Noël se prépare dès juillet
Ce gros rush de coupe de sapins s'achève vers la fin du mois de novembre, "quand il n'y en a plus que trente mille à couper, ça devient plus tranquille", plaisante Fabien Boul. "85 % des ventes, ce sont des sapins Normann. Ensuite, c'est l'épicéa, mais qui est de moins en moins apprécié car il perd ses aiguilles. Puis, plein d'autres essences comme le Fraseri, le Grandis, le Pungens." Dès le mois de juillet, tous les sapins sont étiquetés : jaune, bleu, rouge, pour sélectionner ceux qui seront coupés et qui laisseront ainsi de la place aux autres pour leur permettre de continuer de pousser jusqu'à la récolte de l'année suivante. Le Morvan n'est donc pas la seule région de France à produire des sapins, l'arbre symbole de votre Noël pousse aussi dans l'Orne. La Normandie est la troisième région à en produire le plus, en France.
Le foie gras, roi des tables de fin d'année : du made in Orne, par Isabelle Croizé
Qui dit foie gras, dit sud-ouest. Mais à Mortrée, Isabelle Croizé a diversifié la ferme familiale.Place aux canards et aux oies !
"Il y a trente ans, à l'initiative de la Chambre d'agriculture, près de quarante producteurs de l'Orne s'étaient mis au canard, mais désormais, on ne reste plus qu'à deux ou trois", constate Isabelle Croizé, habitante de Mortrée.
750 canards chaque année
"Je fais environ 750 canards gras par an. Les canetons arrivent du sud-ouest par transporteur, cent vingt à chaque fois, alors qu'ils ne sont âgés que d'un jour." Ces canards mulards (croisement stérile de deux races) sont élevés en plein air, ils mangent de l'herbe et "ils sont nourris aux céréales qui sont produites sur l'exploitation, puisque j'ai huit hectares de céréales pour les animaux", explique l'éleveuse. "Seuls les mâles peuvent être gavés à l'âge de douze ou treize semaines, ils le sont de façon traditionnelle avec du maïs, deux fois par jour durant treize jours." Les foies gras des femelles auraient beaucoup trop de nerfs… "Je fais également des oies, mais qui elles ne sont pas gavées", précise Isabelle Croizé. La préparation pour Noël se fait très tôt. "Le gavage pour les fêtes de fin d'année débute dès la fin du mois d'août", explique la productrice. "C'est non-stop, donc on abat tous les quinze jours. Avec le nettoyage de bâtiment, les transferts d'animaux, c'est un rythme soutenu, de grosses journées." L'abattage se fait à Gacé et "on loue un atelier de transformation où on travaille nous-mêmes pour préparer nos produits finis. On essaie de stocker la production pour les fêtes, mais ce n'est pas facile car les produits partent au fur et à mesure !"
Rien à voir avec un produit industriel
Isabelle Croizé écoule sa production toute l'année grâce à des groupements de producteurs et de revendeurs comme Locavore, ou La ruche qui dit oui, et quelques épiceries. Dans le canard, tout est bon ! "On fait des rillettes, terrines au pommeau ou au calvados, pâtés, magrets frais ou fumés, cuisses de canard au cidre, confits." Mais sa grosse période reste la fin d'année, avec le foie gras entier en ballottines, en mi-cuit bocal, ou en conserve. "Il est uniquement salé et poivré, ça n'a rien à voir avec un produit industriel. Sa texture n'est pas la même, il se casse un peu, il est moins homogène, mais c'est aussi ce qui fait la qualité du produit."
La vente directe se fait essentiellement à la ferme, avec un panel de clients qui sont fidèles depuis de nombreuses années. Isabelle Croizé ne fait aucun marché, y compris au moment de Noël.
Pratique. Isabelle Croizé, Ferme de la Londe, Méhéran, Mortrée. 06 48 75 02 31
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