Nouveau logo reprenant les couleurs et le léopard normand, nouveau conseil municipal, nouveaux projets : un vent de nouveauté souffle au nord de Rouen. Toutefois, l’opposition de gauche n’a toujours pas digéré ce qu’elle estime être un passage en force de la part des deux maires de droite. Dans un contexte politique tendu, ces derniers, eux, entendent désormais aller de l’avant. Leur objectif : prouver que la fusion avait du bon. “Dans le quotidien des habitants, rien ne changera”, assure Gilbert Renard, l’ancien maire de Bois-Guillaume, élu maire de la nouvelle commune le 8 janvier. “Contrairement à ce qui est dit parfois, La Poste de Bihorel ne fermera pas, la mairie non plus”.
Harmoniser les impôts
Dans les services publics, rassurent M. Renard et Pascal Houbron, ex-maire de Bihorel nommé maire-délégué, aucune fermeture n’interviendra. Malgré ce calme apparent, la fusion était vitale, répètent-ils. “Dans un contexte économique dégradé, il n’était pas bon de rester chacun dans son coin”. Deux raisons principales, au-delà du passé commun de Bois-Guillaume et Bihorel, lesquels ne formaient déjà qu’une seule commune avant 1892, semblent avoir motivé les deux maires : augmenter la capacité d’endettement et donc d’investissement, mais aussi soulager Bois-Guillaume sur la question, délicate, du logement social.
Et pour cause : cette dernière affichait un petit 7 % de logements sociaux sur son territoire, contre 30 % à Bihorel. Logique... mathématique : la nouvelle commune dispose désormais de 17 % de logements sociaux, la loi fixant un minimum de 20 %. Un cap à sa portée. “A Bois-Guillaume, nous construisions de petits logements sociaux dans tous les quartiers, mais j’assume de ne pas vouloir en construire massivement, explique Gilbert Renard. Trouvez-vous cela normal de condamner un espace vert ou une ferme gérée par de jeunes agriculteurs pour bâtir des immeubles ?” Sans la fusion, Bois-Guillaume aurait pu se faire lourdement sanctionner, reconnaît-il.
Autre changement attendu : l’évolution des impôts. Durant les 12 prochaines années, Bois-Guillaume-Bihorel devra uniformiser ses taux. Les impôts locaux baisseront à Bihorel, assurent MM. Renard et Houbron, et n’augmenteront “qu’à la marge” à Bois-Guillaume.
Enfin, grâce à une force d’investissement accrue, la ville veut lancer plusieurs nouveaux projets : construire une salle d’animations polyvalente sur le terrain de l’hippodrome des Trois Pipes, un gymnase flambant neuf ou encore un parc de loisirs entre la rocade Nord-Est et le quartier du Chapitre (Bihorel). “La fusion renforce notre commune dans une intercommunalité, la Crea, devenue très large”, estime Pascal Houbron.
Mais pourquoi ne pas avoir attendu les élections municipales de 2014 pour réunir les deux villes ? “Il y a trop d’inconnues en matière fiscale. Nous ne voulions pas prendre le risque d’attendre jusque-là”. Un vrai pari.
Thomas Blachère
Claude Taleb : "Cette fusion risque de décrédibiliser les élus"
Le 26 juin 2011, malgré une participation faible, les habitants de Bois-Guillaume et de Bihorel avaient voté “non” au projet de fusion lors d’un vote consultatif. Mais le 4 juillet, les deux conseils municipaux avaient décidé de passer outre et d’officialiser la réunification. L’opposition est amère.
“Il n’y avait pas d’urgence, cela aurait pu être un très bon débat pour 2014”, juge Claude Taleb, conseiller municipal Europe Ecologie Les Verts. “Aujourd’hui, la population est divisée. Même certains élus de la majorité ont regretté la manière dont les choses se sont passées”. L’épisode, selon Claude Taleb, “décrédibilise les élus, tous les élus”.
Mais avant de s’organiser, l’opposition espère récupérer ses quatre élus, “exclus” du nouveau conseil par les services de l’Etat, qui ont fixé à 58 le nombre maximum de conseillers dans la nouvelle assemblée. Problème: ils étaient 62. Le tribunal administratif a été saisi.
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Repères
21 960. C’est le nombre d’habitants de la commune nouvelle. Bois-Guillaume-Bihorel est devenue du jour au lendemain la 6e plus importante commune de la Crea.
Curieux. Cette fusion pourrait inspirer d’autres villes. Gilbert Renard et Pascal Houbron auraient déjà été contactés par des communes de l’Oise et de Seine-et-Marne.
2014. Dans deux ans, en mars, les électeurs de la nouvelle commune éliront leur nouveau conseil municipal. Il sera composé de 35 conseillers municipaux.
Conseil. Le dernier conseil municipal se déroulait ce jeudi 19 janvier. Il regroupe désormais 58 élus, dont 17 maires-adjoints, un chiffre disproportionné selon l’opposition.
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