Au moment de la délibération vendredi 5 novembre, le prévenu pose un regard sur sa femme et lui lance un dernier baiser avec la main, depuis le box des prévenus. Elle est seule au fond de la salle d'audience du tribunal correctionnel d'Alençon. Les mains jointes, elle attend le délibéré. La sonnerie retentit, les magistrats s'installent et la présidente annonce la peine. Abdeladim Qassid est condamné à quatre ans d'emprisonnement pour détention et transport non autorisé de stupéfiants. Ses explications n'auront pas convaincu les juges.
"Je ne savais pas"
Dans la soirée du mardi 28 septembre, Abdeladim Qassid est au volant d'une Polo, dans le quartier de Courteille, à Alençon. Une voiture arrive derrière lui. C'est la police. Voulant procéder à un contrôle, les forces de l'ordre baissent le pare-soleil sur lequel il est écrit "Police". Bras croisés, col roulé noir et barbe soignée, le prévenu explique aux juges qu'il a "pris peur". "Je ne savais pas que c'était la police. Je pensais que c'était des personnes mal intentionnées." Ce soir-là, il accélère et grille un feu rouge. Les policiers activent aussitôt le gyrophare et une course-poursuite commence. Mais le fuyard s'enfonce dans un cul-de-sac et est contraint de s'arrêter. Neuf secondes après, la voiture des forces de l'ordre le rattrape. Abdeladim Qassid est interpellé.
9 kg de cannabis
Les policiers, qui affirment avoir vu sortir deux autres personnes du véhicule et s'enfuir, tombent sur un sac Kipsta bleu. À l'intérieur, ils découvrent 9,380 kg de cannabis. "C'est du CBD !", a tenté d'expliquer Abdeladim Qassid. Après avoir envoyé un échantillon à un laboratoire, les experts sont unanimes. "Il n'y a aucun doute qu'il s'agisse de cannabis et non de CBD." L'analyse indique un taux de THC à 19 %. Les magistrats s'interrogent sur ses motivations. "Pourquoi avoir pris la fuite si vous étiez en détention de CBD, c'est pourtant légal ?" Pour sa défense, le prévenu explique ne "pas savoir" quelle quantité de CBD il est possible de transporter. "Je pensais être limité, comme pour le tabac et l'alcool." Lorsque les juges lui demandent ce qu'il comptait faire de cette marchandise et où il l'avait eue, Abdeladim Qassid répond : "Je ne peux pas vous répondre." Un droit de garder le silence qui a "irrité" le parquet, selon l'avocate du prévenu Maître Barakat. "C'est une procédure avec beaucoup de zones d'ombre. Il dit qu'il a peur, mais quand on n'a rien se reprocher, on n'a pas peur pour sa vie. Bien sûr que c'était des stupéfiants et il savait parfaitement qu'il s'agissait de cannabis", a indiqué la procureure, quelques secondes avant le délibéré.
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