"On est dans une situation complètement absurde", lance le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, à l'initiative d'une conférence de presse pour soutenir officiellement la famille Sallahu.
Et d'égrener ensuite ses arguments : "Toute la famille est parfaitement intégrée, ils parlent parfaitement le français, il n'y a aucun problème [...]. Ce serait absurde d'arracher un père à ses enfants."
Le père hospitalisé d'urgence
Ce père, c'est Burhan Sallahu, arrivé en France en 2016 avec son épouse Ardita et ses deux enfants Mejdi et Dalila, aujourd'hui âgés de 6 et 8 ans. Lui enchaîne depuis les petits emplois, notamment sur des chantiers. Ardita a, quant à elle, signé un CDI pour faire des ménages et s'occuper de personnes à mobilité réduite. Mais Burhan a vu sa demande d'asile refusée et a déjà fait l'objet de plusieurs obligations de quitter le territoire français (OQTF). Lors d'un nouveau contrôle au mois de mai 2021, la mesure d'éloignement est à nouveau confirmée, et il est même assigné à résidence chez lui, avec l'obligation de pointer deux fois par semaine au commissariat. Le 20 octobre, il devait monter dans un avion, arraché à sa famille, direction le Kosovo, mais a été hospitalisé en psychiatrie en urgence.
La Ville mobilisée contre l'expulsion de Burhan
Une situation inédite selon l'avocate de la famille, Cécile Madeline, qui traite des dossiers semblables depuis 22 ans : "Je peux dire que dans des situations comme celle-ci, cela s'arrangeait toujours à l'amiable. Pour la première fois, j'ai eu un client qui avait un pied dans l'avion et qui était prêt à être arraché à ses enfants." Selon le conseil, la circulaire Valls de 2012, qui fixe des orientations pour les préfets pour délivrer des autorisations de séjour, s'applique pleinement. "On doit admettre au séjour les personnes qui sont en France depuis au moins cinq ans et qui ont des enfants scolarisés. On est face à une famille qui remplit largement ces critères. En face, on a un préfet qui, pour une question de principe, a décidé de renvoyer le père de famille dans son pays."
Dans un communiqué, la préfecture rappelle que Monsieur Sallahu a fait l'objet de plusieurs OQTF et estime qu'il a eu une "volonté de ne pas respecter nos lois depuis son arrivée en France en 2016".
Selon elle, deux solutions sont possibles, à savoir "la reconduite de Monsieur Sallahu accompagné de son épouse et de ses enfants avec une aide financière au retour volontaire" ou "le dépôt d'une demande exceptionnelle d'admission au séjour qui ne pourrait être acceptée que sur production d'un contrat de travail signé".
En attendant, la Ville de Rouen poursuit son bras de fer politique en affichant publiquement son soutien à la famille sur la façade. Une pétition en ligne contre l'expulsion de Burhan a déjà recueilli plus de 15 000 signatures.
La Ville affiche publiquement son soutien sur la façade de la mairie. - Ville de Rouen
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