Le plus prestigieux des prix littéraires français est remis, comme le veut la tradition, à l'heure du déjeuner au restaurant Drouant, dans le quartier de l'Opéra, à Paris.
Quatre auteurs sont finalistes.
Désigné comme favori par les journalistes littéraires qu'a interrogés la revue Livres Hebdo, Mohamed Mbougar Sarr, 31 ans, semble avoir séduit plusieurs jurés avec "La plus secrète mémoire des hommes" (éditions Philippe Rey). "Milwaukee Blues" (éditions Sabine Wespieser) du Haïtien Louis-Philippe Dalembert semble partir de plus loin.
Sinon, le jury pourrait couronner Christine Angot avec "Le Voyage dans l'Est" (Flammarion) ou Sorj Chalandon avec "Enfant de salaud" (Grasset), deux romans considérés parmi les meilleurs de leurs auteurs respectifs.
Les chances de Christine Angot semblent avoir été compromises par le prix Médicis qu'elle vient tout juste de décrocher.
"Il ne faut pas oublier nos amis et alliés que sont les libraires. Si on donne deux prix à un seul livre, ça ne fait qu'un livre dans la vitrine", a affirmé le président du jury, Didier Decoin, lors d'un entretien à l'AFP.
Pas de quotas
Interrogé samedi, il estimait que la rentrée littéraire 2021 avait été un grand cru, dans laquelle le jury avait trouvé son bonheur.
"Et j'aimerais qu'on cesse de nous embêter avec ces histoires de quotas ou autres. Qu'on ne nous dise plus: quand on regarde le palmarès, vous n'avez donné le prix qu'à deux femmes! Il y a peut-être trop peu de femmes, mais il y a des livres qui sont très bons. Et ce n'est pas le sexe de l'auteur qui fait le livre", lançait-il.
Ce Goncourt est une confrontation entre deux éditeurs puissants, habitués aux récompenses, Grasset (groupe Hachette) et Flammarion (groupe Madrigall), et deux petits indépendants, novices dans ce domaine.
Louis-Philippe Dalembert et Mohamed Mbougar Sarr ont pour point commun d'être défendus par une maison qui porte le nom de celui ou celle qui l'a fondée et la dirige encore.
Pour ce type de maison, rivaliser avec les grands du secteur, "c'est extrêmement important à la fois sur le plan symbolique, et sur le plan économique", disait l'éditrice Sabine Wespieser sur France 24 vendredi. "J'ai un imprimeur qui est prêt à appuyer sur le bouton à 12h45 le mercredi 3 novembre, pour rouler 200.000 exemplaires", ajoutait-elle.
Plateau relevé
Quant à Philippe Rey, il s'est fait discret sur sa manière d'appréhender le jour J. Mais il a travaillé intensément ces derniers mois pour faire connaître au grand public un jeune écrivain, adoubé par la critique.
Le prix Goncourt, décerné par un jury de sept hommes et trois femmes, rapporte un chèque de 10 euros, mais il garantit des ventes en centaines de milliers d'exemplaires.
Le sacre en 2020 de "L'Anomalie", roman fantasque d'Hervé Le Tellier, avait généré en librairie un engouement jamais vu depuis "L'Amant" de Marguerite Duras en 1984, avec plus d'un million d'exemplaires vendus.
Cette année, les thèmes sont plus graves: l'inceste chez Christine Angot, la mythomanie d'un père engagé avec les nazis chez Sorj Chalandon, le racisme et les violences policières chez Louis-Philippe Dalembert, et la difficulté de la littérature africaine à se faire reconnaître chez Mohamed Mbougar Sarr.
Le prix Renaudot est également remis mercredi à Drouant.
Le plateau est relevé pour cette édition, avec en vedette parmi les quatre finalistes la Belge Amélie Nothomb, pour "Premier sang" (Albin Michel).
Même si ce jury aime parfois surprendre, en allant chercher le consensus en dehors de ses sélections, il a retenu trois autres livres très appréciés de la critique: "La Carte postale" d'Anne Berest (Grasset), "Murnau des ténèbres" de Nicolas Chemla (Cherche-Midi) et "Le Voyant d'Etampes" d'Abel Quentin (L'Observatoire).
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