C'est le coup de massue pour les occupants des Jardins joyeux, vendredi 29 octobre. Le juge des contentieux a décidé de l'expulsion immédiate des occupants des lieux, en refusant de leur accorder un délai. Il estime que le droit de propriété doit s'appliquer pleinement. L'exception de procédure, invoquée par l'avocate des militants, Chloé Chalot, a été refusée. Elle estimait que le juge des contentieux aurait pu se déclarer incompétent, une autre procédure étant encore en cour en appel pour le même dossier.
Vendredi 29 octobre dans la matinée, Chloé Chalot indique qu'elle va faire appel de la décision et demander qu'elle soit suspendue en urgence.
Depuis le mois de juin, des militants occupent cet ancien couvent et foyer de jeunes filles du quartier Saint-Nicaise de Rouen, vendu à des promoteurs. Des promoteurs qui ont obtenu un permis de démolir pour reconstruire par la suite une grande résidence de logements neufs sur les près de 8 000 m2 du site, dont environ la moitié sont des jardins.
C'est pour défendre ce patrimoine, et en particulier cette nature en ville, que les militants se sont emparés des lieux. "Pour nous, ce n'est pas viable de venir construire des bâtiments sur un lieu qui contient autant de biodiversité au cœur de la ville", explique Guylène, l'une d'entre eux. Et la vie s'est petit à petit organisée, en communauté, avec toujours l'envie d'être ouvert en journée pour les visiteurs et le voisinage. "C'est important que les voisins nous soutiennent, c'est aussi pour cela que l'on a mis en place le potager", explique-t-elle. Une partie du jardin est en effet cultivée par des habitants du quartier. Plusieurs personnes, parfois sans abri, vivent également sur place. Des migrants, en attente de l'avancée de leur procédure, sont aussi hébergés.
Et puis, les Jardins joyeux se veulent un lieu de culture. "On organise énormément de concerts sur des styles alternatifs, il y a des scènes ouvertes une fois par mois, on a accueilli une démonstration de tango…" Le lieu est aussi devenu politique, pour la défense de l'environnement mais aussi des LGBTQI+.
Sur place, la magnifique église a notamment servi à accueillir des scènes ouvertes pour les artistes de Rouen.
Dans une partie du bâtiment, une boutique solidaire a ouvert ses portes. Ceux qui sont dans le besoin peuvent y trouver des vêtements, laissés par des donateurs. Idem pour la bibliothèque qui commence à voir le jour au premier étage, à partir de dons. "On aimerait l'aménager davantage, mais on est un peu dans l'attente", avouait l'un des occupants, jeudi 28 octobre dans l'attente de la décision.
Une bibliothèque est en train de voir le jour à partir de dons.
"On est un peu stressés, on s'organise… Mais on a très envie que ce lieu continue de vivre et on le défendra", décrivait Guylène, la veille de la décision de l'expulsion.
Des événements étaient organisés sur place dans le week-end, et la programmation était prête jusqu'au mois de janvier. Désormais, l'évacuation des lieux est possible, y compris avec le concours de la force publique.
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