Caen. Les jouets arriveront-ils à temps sous le sapin ?

À la sortie du magasin JouéClub, Nathalie Vallée a déjà commencé ses premiers achats de Noël. "Vu ce qu'on entend partout sur la pénurie et le manque de réassort, il faut y aller maintenant si on veut des choses très précises. Il faut assurer pour les enfants !", sourit-elle, une Barbie à la main. Cela fait déjà deux semaines qu'elle a enfilé le costume du Père Noël, à plus de deux mois du jour J. "Ma fille voulait un nounours interactif, je l'ai trouvé ! Maintenant, il faut que je trouve une bonne cachette pendant deux mois." Étaler ses achats dès le mois d'octobre, est-ce la solution ? "C'est une bonne idée pour être serein ! Si c'est la course au jouet pour trouver LE cadeau en décembre, ce n'est pas forcément agréable", lâche Anaïs Luet, de la boutique La Tribu des petits pois.

Acheter en France ou en Europe

C'est certain, s'y prendre à la dernière minute pour trouver la nouvelle voiture 007 de Playmobil ou les jouets Pat'Patrouille dans les grandes enseignes s'annonce risqué cette année. Dans les petites boutiques indépendantes, on est plus serein. "On n'a pas peur de cette saison de Noël, au contraire. L'avantage, c'est que nos produits sont des coups de cœur. Les gens ne ciblent pas leur recherche sur un produit ou une marque particulière", continue Anaïs Luet, qui a doublé sa commande de Noël cette année. À la boutique Le Bonhomme de bois, on se veut plutôt optimiste. "Si jamais on a des ruptures sur nos produits phares, on a des équivalents dans d'autres marques", ajoute Pauline Carré, qui souligne tout de même que la période de Noël correspond à 25 % de son chiffre d'affaires sur l'année. L'avantage pour les boutiques indépendantes, c'est qu'une grande partie de leur marchandise vient de France et d'Europe. "50 % de nos produits sont français et 50 % européens, venant notamment des pays nordiques. On travaille aussi avec cinq marques normandes", détaille la boutique La Tribu des petits pois.

Les jeux d'échecs très prisés

Certains comme Pic Wic Toys sont prêts "à se tourner vers d'autres fournisseurs en Italie, Allemagne, Suisse et en France", pour les articles en bois notamment. Acheter local, c'est l'une des solutions pour être sûr d'avoir le cadeau qui plaît sous le sapin. Soyez prévenus, il sera difficile d'offrir un jeu d'échecs cette année. Nicolas Coursaget, responsable du Pion Magique, une référence en matière de jeux de société depuis 37 ans, fait face à une grosse difficulté. "2020 a été une année exceptionnelle pour les échecs, mais les stocks ont fondu. Il faut retrouver du bois, le sécher et faire les pièces. Elles sont faites en palissandre, en Inde", explique celui qui a été victime du succès de la série Le jeu de la dame sur Netflix. S'il peut assurer avoir des coffrets d'échecs magnétiques disponibles, il attend pour le reste. "On aura 30 à 50 jeux de pièces maximum. On a eu jusqu'à 15 sortes de pièces, là, on n'en a que deux", regrette-t-il. Ce matin-là, il devrait recevoir cinq à six gigantesques palettes de marchandise. Au pied du sapin cette année, il faudra plutôt compter sur un bon Puissance 4 ou Time's up. Dans tous les cas, le Père Noël va assurer sa mission et les enfants auront le sourire, ce fameux 24 décembre.

Ressentez-vous l'anxiété des gens
concernant la pénurie de cadeaux ?

"Je pense qu'après deux Noël un peu particulier en raison de la pandémie, cette année, on sent que les fournisseurs, les commerçants et les clients sont déjà sur le sujet de Noël. C'est comme si on avait peur de manquer, de ne pas avoir assez ou de ne pas avoir ce qu'on a choisi. Les clients se préparent et les commerçants se préparent aussi à faire des stocks."

Y a-t-il un effet "après crise sanitaire" ?

"Oui, tout à fait, d'autant plus que la période de Noël est celle où les clients dépensent le plus au niveau de leurs achats. Les commerçants ne doivent pas louper cette période. Nombreux sont ceux qui font entre 30 et 40 % de leur chiffre d'affaires en seulement un mois. 

Ainsi, les commerçants commencent d'ores et déjà à décorer et se préparer en conséquence."

Y a-t-il des secteurs en particulier
qui anticipent ?

"Sans surprise, le secteur des jouets et tout ce qui concerne les enfants. Quand on a des enfants, on ne veut pas les décevoir à Noël. Ainsi, je pense que ce qui intéresse les gens d'ores et déjà, ce sont les rayons jouets. Les magasins passent donc déjà leur commande. D'après moi, cette anticipation est également vraie pour les boutiques qui vendent des produits un peu particuliers, plus ou moins haut de gamme, comme des stylos ou autres.

Cela est d'autant plus vrai lorsqu'on est un petit commerce de proximité, car il faut absolument avoir assez pour vendre à Noël."

"Bonjour, qu'est-ce qu'il y a dans votre calendrier de l'Avent cette année ?" Ce client est tombé nez à nez avec celui du Comptoir de Mathilde, en vitrine depuis le 22 octobre. Noël est déjà là, devant les quelques citrouilles posées ici ou là pour Halloween. Si bien qu'au Palais des thés, entre 40 et 50 calendriers de l'Avent ont déjà trouvé preneurs depuis début octobre. Marie Colin, responsable de la boutique : "On a lancé le calendrier plus tôt que d'habitude car les clients étaient demandeurs. L'an dernier, on était en rupture de stock mi-novembre."

La chasse au calendrier

Qu'il s'agisse de chocolat, de thé, de produits de beauté, ce fameux calendrier est attendu. Il est même devenu un cadeau à part entière, frôlant parfois les 200 €, comme à la boutique L'Occitane. Elle propose trois calendriers différents. 45 des 83 calendriers commandés ont déjà été vendus. "Tout notre stock est là. On ne peut faire qu'une seule commande pour les fêtes de fin d'année. Il ne faut pas se tromper !", explique Manon Butet, l'une des salariées. Au Comptoir de Mathilde, qui vient tout juste de s'implanter Boulevard Maréchal Leclerc, Laurence Rufa navigue à vue sur les stocks. "On gère à la semaine. C'est un produit phare très demandé qu'il faut livrer dans nos cent boutiques en France. On en a une cinquantaine en stock, mais fin novembre, il faudrait que tout soit parti." Vu l'engouement, il y a peu de chance que des calendriers lui restent sur les bras.