Tous les Français connaissent son slogan. Dans le domaine du café, Legal est le plus gros employeur du Havre. "Nous travaillons avec 145 collaborateurs, dont 120 dans notre usine de Bléville", confirme Benoît Chatenay, directeur général adjoint de la société, qui fête ses 170 ans.
Une capsule biodégradable
Legal torréfie environ 13 000 tonnes de café vert par an, dont 80 % sont vendues en grande surface. Face aux mastodontes mondiaux, la PME du Havre, qui représente 3,5 % du marché français pour un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros, met en avant sa capacité à innover. "Nous étions les premiers à proposer capsules et dosettes compatibles Nespresso et Senseo", rappelle Benoît Chatenay. Depuis 2019, Legal propose aussi une capsule végétale, biodégradable. Une première mondiale, mise au point au Havre.
L'usine Legal du Havre emploie 120 personnes encore aujourd'hui. La marque fête ses 170 ans en 2021. - Legal
En supermarché, on trouve une autre marque locale. Fondée en 1870, la Maison Lemétais fournit une centaine de magasins en Normandie. "Les grandes surfaces nous ouvrent grand les portes, elles sont très coopérantes", assure Vincent Lemétais, aux commandes avec son épouse Isabelle.
400 tonnes de café sont torréfiées chaque année par la petite entreprise de six employés. "Quand j'ai repris en 1985, mon père m'a donné deux conseils : respecter la parole donnée et produire de la qualité." C'est le mélange spécial, concocté en 1953 par son père, qui enregistre les meilleures ventes. Comme d'autres, le patron remarque la montée en puissance du café en grain. "Il représente un tiers des commandes aujourd'hui. Avant, c'était zéro." Une tendance permise par la démocratisation des broyeurs, qui séduisent des consommateurs de plus en plus éclairés. Après la Normandie, Lemétais lorgne sur l'île de France. "Il y a un potentiel important, avec une clientèle très nombreuse, en recherche de produits artisanaux."
Alexandre Bellangé, directeur général de Belco, entrepose 70 000 sacs de cafés sur le site de Radicâtel, près de Tancarville.
L'artisanat, la traçabilité, un impact social et environnemental plus faible… Ces exigences sont réunies dans un nouveau segment : les cafés de spécialité, environ 2 % de la consommation mondiale. Le sourceur et importateur Belco, fondé en 2007 par le Havrais Nicolas Bellangé et son fils Alexandre, en a fait sa spécialité. Basée en Gironde, la société fait transiter ses 8 000 tonnes de café vert par ses entrepôts de Radicâtel. "Nous travaillons avec 650 torréfacteurs dans une trentaine de pays d'Europe, des artisans, des indépendants, des PME familiales…", précise Alexandre Bellangé. Parmi ses clients, plusieurs Havrais comme Charles Danican, la Maison Duchossoy, Ombra Coffee Roasters, ou encore un autre géant français installé à Harfleur, Cofféa. "Le Havre était un choix de cœur mais aussi stratégique. Certes, Anvers est moins cher, mais les Belges sont restés dans une approche très 'matière première'. Nous préférons traiter le café comme un produit agricole de qualité." Dans ses entrepôts où travaillent douze personnes, Belco opte pour "la logistique de détail". Les cafés sont rangés par palettes de dix sacs. "Un artisan va commander quelques sacs de différentes fermes. À Anvers, nous serions une aiguille dans une botte de foin."
Pourquoi le prix du café flambe
Intempéries au Brésil, transport maritime… Plusieurs facteurs contraignent certains torréfacteurs à augmenter les prix du café.
Boire une p'tit noir revient de plus en plus cher : les cours du café ont fortement augmenté ces derniers mois. L'impact de la crise sanitaire sur le commerce mondial y est pour beaucoup, mais ce n'est pas la seule raison.
Des intempéries au Brésil
"Le Brésil a connu des gelées très importantes au mois de juillet, l'équivalent de deux départements français a été touché, détaille Bruno Michaut, qui dirige les Cafés Danican au Havre. Or, le Brésil est le plus grand producteur de café au monde, il dicte le prix du marché. Quand sa production est impactée, le coût du café explose." A cela s'ajoute le coût du transport maritime : depuis le début de l'épidémie de Covid-19, les tarifs des conteneurs explosent. Les torréfacteurs subissent aussi la hausse du coût de l'énergie.
En bout de chaîne, les petits artisans comme Véronique Lessard-Leclerc, qui vend du café sur les marchés du Havre, sont contraints de faire des choix. "J'achète par sacs de 80 kilos, je n'ai pas de stockage. Je subis malheureusement les cours du café", explique la torréfactrice, qui a augmenté entre 10 et 20 centimes par paquet de 250 grammes. "Je rogne un peu sur ma marge", précise-t-elle. Même situation pour Vincent Lemétais, de la maison du même nom, qui a posté sur son site un message pour expliquer ces augmentations aux consommateurs. Il évoque aussi l'augmentation de la consommation mondiale, notamment en Chine : "La production ne suit pas."
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