Le procès en appel d'Alexandra Richard, condamnée en 2020 à 10 ans de prison pour le meurtre de son conjoint violent, débute mardi 19 octobre, pour quatre jours, devant les assises de l'Eure.
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"Oui c'était un homme violent", avait estimé l'avocate générale Corinne Gérard devant la cour d'assises de Seine-Maritime en novembre 2020. "Mais vous ne pouvez pas répondre à la violence par la violence." L'accusée avait finalement été déclarée coupable de meurtre, alors que le parquet général ne réclamait une condamnation que pour "violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Mais la cour avait suivi la magistrate sur le quantum de la peine. Le 16 octobre 2016, Alexandra Richard, aujourd'hui âgée de 43 ans, a tiré sur son conjoint de 36 ans avec un fusil de chasse, à leur domicile de Montreuil-en-Caux, alors que celui-ci, en état d'ébriété, venait de se lever de son fauteuil en la menaçant de lui "défoncer la gueule". Cette mère de trois enfants, dont un qu'elle avait eu avec la victime, comparaîtra détenue.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel a rejeté jeudi, pour la cinquième fois, sa demande de remise en liberté, selon la défense.
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Une pétition lancée avant le procès en Seine-Maritime, intitulée "Pas de prison pour Alexandra Richard", recueille encore quotidiennement des signatures. Elle en affichait plus de 44 000 lundi. Une autre, titrée "pour Alexandra Richard et toutes les autres : clarifions la loi sur la légitime défense", en recueillait près de 34 000.
Osez le féminisme a annoncé sa présence à ce procès en appel. "Nous, on pense qu'Alexandra Richard s'est retrouvée dans une situation de légitime défense", a expliqué jeudi à l'AFP Quentin Dekimpe, un des deux avocats de l'accusée.
Une arme de dissuasion
Devant les assises de Seine-Maritime, la jeune femme avait reconnu avoir chargé le fusil. Mais pour Me Dekimpe, ce geste visait juste à "crédibiliser" son arme. "Qu'il soit décédé, c'est pas ce que je voulais", avait assuré à la barre Alexandra Richard, qui était en couple depuis environ deux ans avec cet homme condamné en 1999 pour avoir tiré sur un rival amoureux. "C'était une arme de dissuasion. Je voulais (...) m'enfuir avec mes enfants", avait ajouté l'accusée qui avait dit "regretter tout ce qui s'est passé". Selon son récit, son conjoint avait commencé à boire du whisky dès le matin avant de l'insulter et d'être une nouvelle fois violent avec elle. Le coup est parti alors que l'accusée et la victime, qui pratiquaient tous les deux la chasse et le ball trap, étaient seuls dans la pièce, selon Rose-Marie Capitaine, l'avocate des parents de la victime. Cinq enfants, alors âgés de 17 mois à 14 ans, étaient dans la maison, selon l'avocate. L'accusée était venue prévenir son conjoint de l'arrivée de son ex-compagne qui souhaitait évoquer les vacances de leurs enfants. Face à cet homme qui avait 1,76 gramme d'alcool dans le sang, elle "est terrifiée", "elle n'en peut plus", ajoute Me Dekimpe, qui ne "s'interdit pas" de plaider l'acquittement.
"Même en prison, je dormais mieux qu'à côté de lui. Personne ne me frappait", avait déclaré à la barre Alexandra Richard, qui comparaissait alors libre mais avait fait de la détention provisoire. Pour Me Capitaine, "on est sur le terrain de l'homicide volontaire. Il n'y a pas légitime défense. Il n'y a pas une agression au moment précis où elle tire." "Et il faut que la riposte soit proportionnée à l'agression", a ajouté le conseil, interrogé par l'AFP.
Alexandra Richard, dont le casier judiciaire était vierge avant cette première condamnation, encourt la perpétuité pour homicide volontaire. Pour violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner, la peine maximale est 20 ans de réclusion.
Avec AFP
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