En passant la porte de son magasin de musique, situé à deux pas du Théâtre des arts à Rouen, un orgue se met à résonner, provoquant le même ressenti que lorsqu'on entre dans une église. Au clavier, Nicolas Labatut, gérant du magasin mais aussi passionné de patrimoine et professeur de piano. "J'ai été informé que l'orgue de chœur de l'église Saint-Nicaise allait être démonté prochainement [en raison de la transformation de l'édifice en Église-brasserie, ndlr] et afin d'en garder une trace numérique, j'ai décidé de capter les notes générées par chaque tuyau de l'orgue et sur les différents registres", raconte ce quadragénaire qui est arrivé à Rouen il y a une vingtaine d'années.
Un travail rigoureux
Le projet peut paraître un peu fou. Mais pour cet adepte de l'informatique musical et fin connaisseur des logiciels de musique à l'image, le défi est réalisable. Il lui permet ainsi de "créer un clone numérique" de l'orgue. Nicolas Labatut se lance, il y a quelques semaines, dans un travail minutieux. Il prend d'abord "l'empreinte sonore" de ce lieu si unique : "L'église est coupée en deux avec une partie en béton et une autre en pierre de taille", rappelle-t-il. C'est ce travail préalable de captation de la réverbération du son dans l'église qui lui permet de restituer le son exact de l'orgue, même quand il joue dans son magasin. Puis, Nicolas Labatut passe "une quinzaine d'heures" pour enregistrer chaque touche et chaque combinaison principale. "Il faut être rigoureux pour que cette sauvegarde acoustique fonctionne", souligne le musicien, attaché à réaliser le travail le plus précis possible. Ces sons, enregistrés désormais dans un logiciel, peuvent être rejoués très simplement "avec une souris ou bien en raccordant un clavier". Il imagine ainsi, dans la future Église-brasserie Saint-Nicaise, pouvoir y fabriquer "un meuble avec deux claviers permettant de rejouer de l'orgue".
Ce travail de sauvegarde du patrimoine, Nicolas Labatut l'imagine pour d'autres édifices, comme l'église Saint-Paul qui a aussi été ciblée par un appel à projet de la Ville pour trouver une nouvelle destination. "J'aimerais aussi garder l'empreinte sonore d'autres lieux contemporains, comme des parkings ou des galeries commerciales qui ont des sonorités particulières", poursuit-il. À long terme, Nicolas Labatut réfléchit à "un travail collaboratif" à l'échelle de la France voire du monde entier pour garder une trace numérique de certains lieux. "Il faudrait mettre en place un cahier des charges pour permettre une captation similaire dans chaque endroit", imagine cet amoureux du son.
Le système de sauvegarde acoustique mis en place au sein de l'église Saint-Nicaise à Rouen. - Nicolas Labatut
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