"Je viens de vivre le pire moment de ma vie." Deux jours après sa sortie de garde à vue sans qu'aucun motif ne soit retenu contre elle, la maire de Canteleu, Mélanie Boulanger, s'est exprimée publiquement depuis la mairie, lundi 11 octobre. Elle a notamment estimé "injustifié" son placement en garde à vue lors de cette vaste opération anti-stupéfiants qui s'est tenue en Seine-Maritime et en Région parisienne, ajoutant qu'elle se savait "irréprochable".
Des renforts de policiers demandés
"Je ne m'explique pas le régime de la garde à vue. Le régime de la garde à vue n'était pas justifié car il n'était pas nécessaire pour établir ma probité et mon combat de maire contre la délinquance", a-t-elle déclaré.
"Mon histoire est celle d'une élue de la République qui, comme tant d'autres élus depuis de très nombreuses, de trop nombreuses années, se retrouve trop souvent seuls, trop souvent sans réponse lorsqu'ils sollicitent les pouvoirs publics pour les aider à lutter contre la délinquance et les trafics de stupéfiants", poursuit Mélanie Boulanger.
La maire de Canteleu a rappelé son long combat, pendant plus de sept ans, contre les trafics de drogues dans sa commune, mais aussi les demandes répétées pour obtenir des renforts supplémentaires de policiers nationaux. "En avril 2019, le ministre de l'Intérieur de l'époque reconnaissait lui-même qu'il manquait 36 policiers sur la circonscription de Rouen dont fait partie Canteleu. Ces policiers n'ont jamais été nommés."
Tentatives d'intimidation
Mélanie Boulanger dit avoir été interrogée sur les liens qu'elle aurait pu entretenir avec des trafiquants de drogue de sa commune. "Je n'ai pas de lien, je n'ai aucun lien avec ces gens-là", a assuré l'élue. "Ils ont essayé plusieurs fois d'entrer en contact avec moi par personne interposée. Je suis une élue de terrain. On m'appelle, je réponds. Ils ne m'ont évidemment jamais appelée eux-mêmes. C'est cela que j'ai dû expliquer", a détaillé la maire.
Selon elle, ces trafiquants l'ont contactée pour tenter "de l'impressionner, de l'intimider, de la dissuader de mener le combat" contre la délinquance, lors de la pose des caméras de vidéosurveillance ou quand elle réclamait des moyens supplémentaires. Elle a indiqué avoir été suivie en voiture, attendue sur le parking de la mairie ou devant chez elle, mais a dit n'avoir jamais déposé plainte, de peur des représailles.
"Dans les menaces qui m'étaient formulées, il y avait : 'je sais où vous habitez et je sais où va votre fille à l'école'", a précisé la maire. "Quand on vous dit ça, vous vous dites : si je porte plainte, il faut que je sois sûre de mon coup." "Menacée une fois plus sérieusement", Mélanie Boulanger a même raconté avoir sollicité "les autorités préfectorales", en vue d'une éventuelle protection, en vain.
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Je ne me prononcerai pas sur la justification ou non de la procédure mais constate que la présomption d’innocence a prévalu et que l’état de droit existe bien.
Le Cantilien que je suis constate factuellement la dégradation inexorable de la situation de la commune depuis 30 ans avec une accélération très nette depuis 2014. Une chape de plomb pour ne pas dire l’omerta existe sur toutes les dégradation de l’espace public, les incendies de véhicules, les rodéos nocturnes sans oublier les violations répétées du code de la route.
Dans ce contexte ce qui arrive aujourd’hui n’en est que la conséquence logique.
En revanche les mesures pour endiguer la délinquance et les trafics je ne les ai pas vraiment vues. Lorsque que votre action n’est ni visible ni audible, on peut penser à raison que rien n’est fait ou n’a été fait.
Quant aux pressions ou intimidations, ‘´la peur n’a jamais évité le danger ´.
Si la première magistrate de la commune refuse de porter plainte par peur, quel signal elle envoie au simple citoyen et aux gangs mafieux.
Madame, je ne vois pas comment vous pourrez changer en 5 ans l’image d’une ville que vous avez laissé partir à vau l’eau sur les 7 années qui ont précédé. L’image de Canteleu est je le crains durablement abîmée avec les impacts économiques et immobiliers qui vont en découler. Si vous n’avez pas les épaules assez larges pour endosser le costume, la démission reste une option mais ça aussi réclame du courage. Pour ma part je vous exprime ici un véritable mandat de défiance.