"J'ai toujours voulu enseigner tout ce que j'ai appris", lance d'emblée Juline Anquetin-Rault. Droite sur sa chaise, la voix posée, le ton sûr, l'enseignante dégage tout de suite une énergie communicative. Peu importe la matière, c'est l'envie de transmettre, de vulgariser, qui l'habite. Une appétence qui lui vient sans doute de sa maman, formatrice en entreprise. "Elle m'a toujours dit : 'Il faut que ce soit dynamique, percutant'", se souvient-elle. Un professeur de mathématiques aux méthodes atypiques va aussi beaucoup l'inspirer, dès le collège : "J'ai toujours ses exercices", explique-t-elle en montrant son armoire pleine de dossiers et de post-it sur lesquels elle couche ses idées fourmillantes. En 2008, celle qui a toujours été une brillante élève passe naturellement le Capes et l'agrégation, mais échoue de peu. C'est l'incompréhension pour l'enseignante en herbe qui doit malgré tout trouver un travail et décroche un poste en soutien scolaire dans un collège à Gasny, dans l'Eure. "C'était une révélation", raconte-t-elle dans un sourire, comprenant qu'elle avait des compétences dans plusieurs matières et un talent pour la pédagogie. Elle va ensuite enchaîner les postes dans des établissements privés de l'Eure et de la Région parisienne. Depuis 2015, en plus de sa propre agence de soutien scolaire, Juline Anquetin-Rault, qui est "tombée amoureuse de Rouen", a trouvé un poste au CFA Simone-Veil en histoire-géo.
La classe autonome
À l'aise dans l'équipe, forte de son expérience et soutenue par ses collègues, c'est là qu'elle développe sa propre pédagogie : celle de la classe autonome, mise en place en 2019. "C'est inspiré de Montessori, mais adapté pour les ados", explique-t-elle. Elle organise sa classe en ateliers dans lesquels chacun travaille en autonomie, grâce à du matériel qu'elle a créé. "Tout est autocorrectif, l'élève fait les ateliers dans l'ordre qu'il veut et à son rythme", décrit-elle. Les résultats ont tout de suite été au rendez-vous. De quoi motiver l'enseignante, hyperactive assumée, à participer au Global teacher prize, un prestigieux concours international qui récompense le meilleur enseignant du monde. Et parmi les 8 000 candidatures, elle fait partie des 50 candidats restants, en attendant la suite du concours dans les prochains jours. À la clé pour le gagnant : un prix d'un million de dollars ! Mais pas question pour cette militante de la pédagogie de dépenser en futilités. "Si je gagne, je voudrais créer un centre de formation d'enseignants et m'associer avec des spécialistes de la psychologie ou des troubles de l'apprentissage."
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