Environ 3 000 prédateurs pour 216 000 victimes, depuis 1950. C'est l'ampleur de la pédocriminalité au sein de l'Église catholique de France, selon un rapport publié mardi 5 octobre par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase). "C'est sidérant, réagit Monseigneur Jean-Luc Brunin, évêque du diocèse du Havre. L'église, qui devrait être un lieu sûr, a trahi. Il faut regarder cette réalité en face." Le chiffre monte même à 330 000 victimes, si l'on ajoute les faits imputables à des laïcs travaillant pour l'Église.
Jean-Luc Brunin
Des victimes au sein du diocèse
Parmi les témoignages en annexe de ce rapport, celui d'une victime havraise. Depuis 2016 et la création d'une cellule d'écoute au sein du diocèse, elles sont quatre à avoir rencontré Monseigneur Brunin pour raconter des faits anciens, impliquant trois prêtres décédés depuis et un professeur de l'enseignement catholique. Si les faits sont prescrits d'un point de vue juridique, "il n'y a pas de prescription pour la souffrance causée par ces abus sexuels. Avec le procureur de la République, nous avons réfléchi à la manière dont la justice pouvait malgré tout entendre ces victimes, une forme de reconnaissance pour elles".
Jean-Luc Brunin
La commission émet 45 recommandations, qui seront étudiées en novembre par les évêques de France. Monseigneur Brunin prône une approche systémique du phénomène, pointant notamment le cléricalisme. "Si des prêtres ont pu commettre des abus, c'est parce qu'ils avaient un sentiment d'impunité, d'être dans une sphère sacrale. Le Pape invite à ne pas laisser la gouvernance uniquement aux mains des clercs", rappelle l'évêque havrais. Autre piste : laisser davantage de place aux femmes dans l'Église. "Un système trop asymétrique entraîne des risques de dérives."
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