"On m'a déposé de la matière fécale devant la porte de mon magasin !", s'indigne Manon Taupin, gérante de la boutique Madina à Alençon. Installée depuis 2019, la jeune entrepreneuse est témoin, depuis plusieurs semaines, d'une insécurité croissante dans cette ville "pourtant si charmante".
La situation déplorable découle des nombreux marginaux et sans domicile fixe qui squattent devant les commerces. Souvent alcoolisés, ils font fuir la clientèle et c'est donc un manque à gagner pour les commerçants. Annick François est la cogérante du magasin Marc Boutique, situé à quelques pas de la basilique Notre-Dame. La sexagénaire se sent démunie face à l'inaction de la mairie. "Nous avons un maire qui ne s'occupe pas assez de sa ville. Nous, les commerçants, nous sommes toujours confrontés aux problèmes. Il faut trouver des solutions rapidement", explique celle qui alerte sur les samedis de plus en plus moroses. Selon elle, les rues du centre-ville sont pratiquement "désertes" les week-ends.
Une police municipale insuffisante ?
"Le phénomène s'est aggravé depuis cet été et, si on ne fait rien, ça ne va pas s'améliorer", explique Emmanuel Turpin, un autre commerçant de la ville. Certains se sont même rendus à la mairie pour "appeler à l'aide". Stéphane Montfort, propriétaire du magasin WeeMood, confie avoir envoyé plusieurs mails depuis un mois, "sans aucune réponse en retour". "La mairie fait la sourde oreille, lorsque nous nous rendons sur place, ce ne sont pas des élus qui nous reçoivent mais des chefs de service. C'est intolérable !" La Ville d'Alençon compte quatre policiers municipaux et un chef. Un nombre jugé "insuffisant" par les gérants de commerces. Selon le 5e baromètre de Villes de France sur les polices municipales, en 2020, les agglomérations de taille moyenne dénombraient 17,2 policiers municipaux, soit 4,9 agents pour 10 000 habitants. Alençon, qui compte environ 25 000 habitants, a donc deux fois moins d'effectifs que la moyenne nationale.
"Nous sommes totalement désarmés"
Face à ce problème, les riverains et commerçants de la rue du Pont-Neuf ont écrit, le 14 septembre, une lettre à destination de la Préfecture de l'Orne. À travers les lignes, ils pointent du doigt le quotidien mêlé "à la mendicité, à la délinquance et à des états d'ébriété très avancés". "Nous faisons régulièrement l'objet d'insultes et de menaces physiques. Nous sommes totalement désarmés." Stéphane Montfort avoue en avoir "ras-le-bol" de voir certains clients "se faire aborder toutes les cinq minutes pour avoir quelques sous. Des fois, ils donnent des billets tellement ils ont peur !" Manon Taupin a, de son côté, été suivie plusieurs fois par un homme "dérangé" lors de ses allers-retours pour ouvrir sa boutique. Les commerçants comptent sur le soutien de la police nationale pour mettre un terme à cette situation. À l'écoute, la préfecture a d'ores et déjà rencontré à plusieurs reprises les représentants. Des actions devraient être menées à très court terme.
Ecoutez ici les commerçants d'Alençon :
Contactée mercredi 22 septembre, la mairie d'Alençon n'a pas donné suite à notre demande d'interview.
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