Olivier Morzelle, le directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM) de Seine-Maritime, a pour mission de veiller au fragile équilibre entre les espaces urbains et agricoles.
A quel rythme se réduisent les terres agricoles en Seine-Maritime ?
“Nous estimons que 1 400 hectares sont consommés chaque année dans notre département. Ce n’est pas un phénomène récent, mais il s’est intensifié sous l’effet de l’urbanisation et de la périurbanisation.”
Qui sont les principaux “consommateurs” de champs ?
“Il y en a trois. L’habitat, d’abord. Faire construire une maison individuelle consomme en moyenne 11 000 m2 de terrain. Viennent ensuite les infrastructures. On trouve en Seine-Maritime un nombre important de grands projets, tels que l’Axe Seine, la ligne nouvelle Paris-Normandie (qui a besoin de 1 500 ha de terres agricoles), le prolongement de l’A150, le contournement Est ou la future prison de Rouen. Enfin, les zones d’activité en tout genre sont elles aussi très gourmandes.”
En mars 2011, les services de l’Etat en Seine-Maritime ont créé une Commission départementale de la consommation des espaces agricoles, dont vous faites partie. Etait-il urgent de réagir ?
“Le problème était bien identifié, mais il y a eu une prise de conscience en faveur du développement durable et de la préservation de l’agriculture. Il fallait aller plus loin et pouvoir peser directement dans les documents d’urbanisme des communes ou des intercommunalités. La Seine-Maritime a été l’un des premiers départements à instituer cette commission.”
Quel est son rôle ?
“Présidée par le préfet, elle réunit 15 membres représentant l’Etat, les élus, les agriculteurs, les propriétaires, les notaires ou les associations de protection de l’environnement. Nous analysons des documents d’urbanisme et des permis de constuire et rendons un avis. C’est un avis simple, mais il pèse au moment où l’Etat doit trancher. Pour autant, je rappelle que notre mission est de promouvoir la consommation raisonnée de l’espace, pas de tout bloquer. Nous n’allons pas nous arc-bouter sur le moindre mètre carré, mais nous refusons que la surface agricole soit la variable d’ajustement de l’aménagement du territoire.”
Pour préserver les champs, densifions les villes ?
“Oui, il faut reconstruire la ville sur la ville, retrouver des formes urbaines plus denses. Les grandes villes, comme Rouen, l’ont bien compris. Les petites communes ont plus de difficultés. Pourtant, toutes doivent désormais favoriser la densification urbaine. L’époque du lotissement banalisé, à l’écart des centres, ne peut plus durer.”
Propos recueillis par Thomas Blachère
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