Ils devaient être 50 nouveaux inspecteurs recrutés avant la fin de l'année 2020 pour renforcer les services des Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal). Le chiffre avait été annoncé par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique l'an dernier. En Normandie, ce recrutement s'est caractérisé par "un seul poste supplémentaire", indique Gérald Le Corre pour le collectif unitaire Lubrizol. Sollicitée par la rédaction, la Dreal de Normandie n'avait pas répondu à nos demandes d'explications à l'heure où nous imprimions. Une source au sein des services de l'État à Rouen indique toutefois que "la Normandie n'était pas la région la moins sous-dotée en termes d'inspecteurs".
"Il n'y a pas eu de changement dans la politique menée",
dénonce Gérald le Corre
Reste aussi le nombre d'inspection des sites industriels qui était chiffré à 18 000 en France en 2019, lors de la survenue de l'incendie de Lubrizol et Normandie logistique. Ce chiffre doit être "augmenté de 50%" d'ici l'année prochaine, selon les annonces de Barbara Pompili l'an dernier. Mais cette augmentation ne fera pas revenir le nombre d'inspections à celui atteint en 2006, alors de 30 000 par an en France. "Nous cherchons où sont les contrôles supplémentaires dans les sites Seveso, poursuit Gérald Le Corre. Il n'y a pas eu de changement dans la politique menée concernant les sites industriels."
Des incidents depuis 2019
C'est pourtant un contrôle des inspecteurs de la Dreal qui a permis, en début d'année, de confirmer qu'un incident industriel avait bien eu lieu sur le site de Multisol à Sotteville-lès-Rouen. De fortes odeurs nauséabondes avaient été ressenties quelques jours plus tôt dans l'agglomération rouennaise. Un signalement anonyme avait ensuite permis de transmettre des éléments aux services de l'État afin de déclencher cette inspection.
D'où le besoin de transparence de la part des industriels voulu par le gouvernement, qui a demandé aux sites Seveso seuil haut de réaliser des exercices annuels sur leurs installations. "Nous avons demandé à l'État de réaliser des exercices grandeur nature pour impliquer la population", rappelle Charlotte Goujon, vice-présidente de la Métropole Rouen Normandie en charge de la sécurité industrielle, sans pour l'instant avoir été suivie. Pour "renforcer la communication auprès des habitants", 14 industriels de la métropole rouennaise ont créé une association : Upside boucles de Rouen (Union pour la synergie industrielle et le développement économique). "C'est une brique indispensable à la montée en puissance d'une vraie politique de prévention des risques à Rouen", affirme Nicolas Mayer-Rossignol, le président de la Métropole Rouen Normandie. Cette association permettra aussi de "renforcer la collaboration et la maîtrise des risques sur la prévention, l'organisation d'exercices, l'assistance mutuelle", détaille Régis Saadi, le président d'Upside qui compte, parmi les adhérents, Lubrizol, Multisol ou encore Saipol.
Charlotte Goujon est vice-président de la Métropole Rouen Normandie en charge de la sécurité sanitaire et industrielle.
"Nous avons avancé mais il y a encore à faire" vis-à-vis de la population
Des sirènes déclenchées trop peu et trop tard. Un système d'alerte "obsolète". Autant de reproches adressés à l'État après l'incendie du 26 septembre 2019 et qui ont poussé la Métropole Rouen Normandie à développer des solutions. Charlotte Goujon est la vice-présidente en charge de la sécurité industrielle.
Quel premier bilan tirez-vous du système d'alerte SMS ?
"Nous en sommes à 15 660 inscrits sur une population éligible d'environ 500 000 habitants [soit un pourcentage de 3,13 %, ndlr]. Il faut encore augmenter le nombre d'inscrits. Nous devons notamment retravailler la communication auprès du public."
Quand sera déployé le système de cell broadcast, système d'alerte automatique sur téléphone ?
"Avant l'été, nous avons bien eu la confirmation par l'État que la Métropole sera l'un des territoires tests, mais nous n'avons toujours pas de date ni de périmètre précis pour son application."
Sur quels autres axes travaillez-vous pour améliorer la culture du risque ?
"Des panneaux rappelant les conduites à tenir ont été installés à proximité de certains sites industriels. La Métropole va commencer à travailler sur un Document d'information communal sur les risques majeurs à l'échelle intercommunale (Dicrim) pour mettre en commun certains moyens afin que de petites communes qui font face à un accident industriel bénéficient du soutien de villes plus importantes."
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