Il y a un an, deux ministres annonçaient à Rouen des mesures afin d'éviter la survenue d'un incendie comme celui qui a touché, le 26 septembre 2019, les entreprises Lubrizol et Normandie logistique. Ce gigantesque feu a détruit près de 10 000 tonnes de produits chimiques et provoqué un immense nuage de fumée noire de 22 km de long. Première mesure mise sur la table par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, un nouveau système d'information pour venir compléter les sirènes d'alerte. Sauf que son expérimentation n'a toujours pas débuté et "aucune date" n'est communiquée, selon Charlotte Goujon, vice-présidente de la Métropole Rouen Normandie en charge de la sécurité sanitaire et industrielle.
Un BEA sur les risques industriels
À l'inverse, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) sur les risques industriels a bien vu le jour, comme l'avait annoncé Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique. Cette disposition faisait suite notamment à la mission d'information parlementaire sur l'incendie, présidée par Christophe Bouillon, alors député socialiste de la Seine-Maritime (et désormais maire de Barentin). Ce BEA a été créé en fin d'année dernière autour "d'experts de haut niveau", indique Jérôme Goellner, son préfigurateur. Sept conclusions d'enquêtes ont déjà été rendues sur différents événements industriels en France, huit autres sont en cours.
"La sécurité des sites industriels à risques est globalement
satisfaisante" selon l'État
Autre avancée permise par le retour d'expérience sur l'incendie de Lubrizol et de Normandie logistique, la création d'un dispositif de "vigilance renforcée" depuis le 1er juillet. Une première liste de 13 sites a été dévoilée par le ministère de la Transition écologique qui expliquait que "la sécurité des sites industriels à risques est globalement satisfaisante sur l'ensemble du territoire, mais plusieurs sites font encore l'objet d'incidents réguliers ou de non-conformités récurrentes". Parmi ces sites, figurent notamment la raffinerie Esso pour son site de Port-Jérôme-sur-Seine et ExxonMobil à Notre-Dame-de-Gravenchon. L'ensemble des industriels sont désormais contraints de tenir à jour en permanence des fichiers avec la nature et la quantité de produits stockés sur leur site, après la publication, le 26 septembre 2020, d'évolutions réglementaires. Ce défaut avait été mis en évidence lors de l'incendie de Lubrizol.
Mais d'autres annonces faites il y a un an se concrétisent difficilement, avec l'arrivée de 50 postes supplémentaires pour les installations classées. En Normandie, "seul un poste a été créé", indique Gérald Le Corre, membre du collectif Lubrizol, tandis que les contrôles doivent "augmenter de 50 %" d'ici l'an prochain partout en France, selon le plan gouvernemental présenté après l'incendie du 26 septembre 2019. Cette hausse ne permet, en fait, que de rattraper la baisse de 40 % de ces contrôles enregistrée les années précédentes.
Les riverains des sites industriels craignent encore pour l'avenir
"Deux ans après, presque rien n'a changé, sauf les odeurs qui ne sont plus là." Quelques jours avant la date symbolique, le collectif Lubrizol, rassemblant plus d'une dizaine d'associations et d'organisations, s'est montré toujours mobilisé face au risque industriel dans la Métropole. Il appelle d'ailleurs à un rassemblement dimanche 26 septembre devant la préfecture de la Seine-Maritime à Rouen.
Un rassemblement est organisé dimanche 26 septembre devant la préfecture de la Seine-Maritime, deux ans après l'incendie de Lubrizol et Normandie logistique.
Une plainte contre l'État "Nous travaillons sur une plainte contre l'État, annonce par ailleurs Simon de Carvalho, président de l'Association des sinistrés de Lubrizol et membre du collectif. L'État avait connaissance du scénario de risque établi par l'assureur de l'industriel et il n'a rien fait." Plusieurs infractions ont été relevées par le collectif qui compte bien faire aboutir sa plainte dans moins de deux ans. "C'est une bagarre, il y a des années de procédure. Il faut voir ce qui a eu lieu pour AZF à Toulouse, où le procès a eu lieu 18 ans après les faits", souligne Gérald le Corre pour le collectif Lubrizol. Quelques jours avant les deux ans de l'incendie, Simon de Carvalho a également annoncé que deux nouveaux chefs d'accusation ont été retenus dans la mise en examen de Lubrizol : il s'agit de "déversement de substances nuisibles dans les eaux et rejet en eau douce de substances nuisibles aux poissons". "Le dossier est très solide concernant ces deux nouveaux faits", affirme-t-il.
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