Le verbe est fourni, le discours habité comme une première garantie que Caroline Stil voit la restauration comme bien plus que son métier. C'est une vocation. En 23 ans de carrière, "peut-être un millier" de tableaux sont passés sous son œil et ses mains experts. "Le patrimoine familial m'a fait penser qu'il était important de transmettre", explique l'artisan installée au milieu des toiles de son atelier à Saint-Georges-sur-Fontaine, aux portes de la Métropole. Son arrière-grand-père était antiquaire à Rouen. "Leur maison était un musée extraordinaire plein d'œuvres d'art", se souvient-elle, pensive.
À 16 ans, elle se rend déjà régulièrement à Paris pour ses musées et le déclic s'opère. "Dans la grande galerie du Louvre, j'ai vu un sublime tableau italien du XVIe siècle. Je me suis dit : 'Des gens le restaurent.'" Elle intègre justement l'école du Louvre avant de faire ses armes dans un atelier parisien. "J'ai commencé par ce qu'il y a de plus beau, avec Brueghel et des œuvres exceptionnelles", lâche-t-elle dans un sourire. Son parcours l'amène ensuite à créer l'atelier du Regard puis à travailler avec les monuments historiques en Bourgogne. De là à passer de restauratrice à créatrice ? "Quand on fait l'école du Louvre, ça rend humble", dit-elle simplement, comme si elle n'osait se comparer aux maîtres dont elle veut prolonger la vie des toiles. Les aléas de la vie l'ont conduite à revenir à ses racines, tout près de Rouen, en 2019. C'est d'ailleurs là que le titre de maître artisan d'art lui a été décerné par la Chambre des métiers. Un nouveau départ qui lui impose aussi de reconstituer sa clientèle. "Je travaille sur les miniatures aussi bien que sur les grandes toiles de décors", explique-t-elle, avec un faible pour les portraits et pour les tableaux du XVIe au XVIIIe siècle.
Un carnet de santé des tableaux
Le plus ? Une étude préalable du tableau. "Je dresse un constat d'état, du support, de la couche picturale avec, si possible, un historique sur le sujet et sur l'auteur", décrit-elle. Elle en fait un dossier qui devient "comme le carnet de santé du tableau". Un objet précieux pour les particuliers attachés à une toile de famille. Le reste est affaire de patience, de connaissance et de conscience. Mais le jeu en vaut la chandelle, à en croire l'artiste, qui trouve sa récompense dans "les regards qui s'illuminent" lorsque les propriétaires voient le résultat. Caroline Stil se nourrit de cette émotion qui renforce son goût pour la transmission. Une envie qu'elle satisfait aussi en animant des conférences, notamment prochainement sur les pigments de la palette impressionniste.
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