Paris, le vendredi 13 novembre 2015. Des attentats terroristes font 130 morts et des centaines de blessés au Stade de France, sur les terrasses et au Bataclan. Malgré un important dispositif médical dans la capitale, certains survivants du massacre retournent directement chez eux après le drame.
Un état
de sidération
"La mère d'un patient originaire du Havre nous a contactés. Elle s'inquiétait de voir son fils rentrer après le Bataclan", se souvient le docteur Bertrand Caillet, psychologue-clinicien. Il est l'un des volontaires de la Cellule d'urgence médico-psychologique de l'hôpital Monod, fondée en 1985. Soixante-douze heures après les attentats, elle a pu être mobilisée pour recevoir au total une vingtaine de personnes confrontées à la nuit du 13 novembre 2015.
"On ne parle pas de victimes ou de proches de victimes, mais d'impliqués : ce sont des gens qui étaient sur place, au Bataclan", précise Bertrand Caillet. Plutôt qu'un besoin de parler, il s'agissait pour ces patients de "sortir de cet état de sidération dans lequel ces impliqués peuvent se retrouver à l'issue d'une confrontation à un événement traumatique inouï, inenvisageable".
Bertrand Caillet, psychologue clinicien
La cellule mobilisée
après d'autres attentats
Face à ces événements inédits en France à cette échelle, la cellule s'est réorganisée en unité mobile psychotraumatique, qui permet à la fois une prise en charge dans la phase critique aigue, après l'événement, mais aussi sur un temps plus long. "Cela a eu un intérêt car nous avons pu réagir rapidement pour les attentats suivants, à Barcelone, Nice, l'aéroport de Bruxelles, au Pont de Londres ou au marché de Noël de Strasbourg. À chaque fois, des Havrais ont été impliqués et il a fallu mettre en place les ressources pour les accompagner."
Le procès, un événement déterminant
pour les victimes
Bertrand Caillet juge le procès qui s'ouvre mercredi 8 septembre comme "un événement déterminant et absolument nécessaire" pour les patients. "En psychiatrie, on considère qu'il y a un traumatisme initial et que le fait d'être renvoyé au silence peut créer une traumatisation secondaire. Le procès permet cette reconnaissance et la prise en compte des personnes, qui deviennent alors des victimes." Le procès des attentats du 13 novembre 2015 va durer neuf mois, au palais de justice de Paris.
Bertrand Caillet, psychologue-clinicien
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