Difficile période que celle de la crise sanitaire lorsque l'on est artiste et intermittent de manière générale. Beaucoup d'incertitudes et des annulations en cascades qui bouleversent complètement les timings. "En termes de calendrier, ça a vraiment tout chamboulé", explique Manon, musicienne professionnelle du groupe rouennais Huit Nuits. Le premier confinement est arrivé alors même que le groupe devait commencer la tournée promotionnelle de son dernier album, Entre deux mondes. Ce moment hors du temps a tout de même "donné du temps pour créer", admet Pierrick, guitariste-chanteur dans la formation. "Au deuxième confinement, en revanche, on avait plein de dates de prévues et c'est tombé un peu comme un couperet." Même sentiment pour Lady Arlette, artiste rouennaise. "Il y avait la frustration de ne pas jouer, mais cela a donné du temps pour créer", explique la chanteuse qui en a profité pour enregistrer son album. Elle admet malgré tout qu'"écouter des gens" lui a particulièrement manqué. En dehors de ces périodes de confinement strict, chacun a trouvé de quoi mettre son temps libre à profit. "On a enchaîné les résidences et on s'est remis à composer", explique Manon, au Théâtre le Rive gauche du Grand-Quevilly ou à l'espace Mitterrand de Canteleu.
Des expériences insolites
Et puis, dès le printemps 2021 puis pendant l'été, les performances live ont pu reprendre, notamment dans la Métropole, avec la possibilité de se produire dans des endroits insolites, comme dans la cour de l'Historial, qui a particulièrement séduit le trio. "C'était incroyable, les voix s'envolent et tu te retrouves assommé par l'histoire", se souvient Pierrick. Même expérience pour Lady Arlette, qui s'est produite dans des lieux intimistes, au foyer des marins ou aux copeaux numériques, elle aussi soutenu par le dispositif Métropole Rouen plein R', destiné à venir en aide à la culture locale.
Maintenant que les restrictions sont moindres et que les concerts reprennent plus librement, les artistes sentent monter l'émulation, mais se montrent encore prudents. "On appréhende un peu le retour de tout le monde car tout ce qui a été annulé va être reporté, je crains le manque de place", explique Pierrick. "On a plein de dates jusqu'à décembre, mais après on ne sait pas", confirme Manon, qui attend aussi de voir si le public sera bien au rendez-vous, quelques jours avant un concert, le dimanche 12 septembre à l'abbaye de Jumièges. "Les gens sont frileux et certains sont freinés par le pass sanitaire", estime-t-elle. "Ça partage les gens et ce sont toujours les lieux de convivialité qui sont impactés par cette crise", juge aussi Lady Arlette, qui se produit le samedi 25 septembre au festival Solid'art en Seine, à Saint-Pierre-lès-Elbeuf. Une tension ressentie par les artistes qui, plus que jamais, auront à cœur de jouer leur rôle de soupape. "J'ai hâte de reprendre les lives et reprendre un discours humaniste, de pouvoir échanger avec le public sur un autre plan", raconte Pierrick. "Il y a d'autres questions existentielles, c'est le rôle de la culture", enchérit Manon.
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