Dans ses vergers du Mesnil-sous-Jumièges, en vallée de Seine, le long de la célèbre route des fruits, Jean-Chrétien Grain fait grise mine. Les poiriers, les pommiers ne sont pas bien fournis, alors que la récolte doit débuter. Le jeune producteur de 21 ans estime qu'il va perdre 75 à 80 % de sa production par rapport à l'année dernière. En cause surtout, les gelées tardives du mois d'avril. "On a eu du -5, -6 °C alors que les pommiers étaient en fleurs", rembobine-t-il. Seules quelques variétés tardives ont été relativement épargnées, comme la Melrose ou l'Idared. Pour la Bénédictin ou la très convoitée Boskoop en revanche, l'année sera catastrophique en vallée de Seine. D'autant que le très pluvieux mois de juillet n'a pas contribué à sauver ce qui pouvait l'être. "Les sols n'absorbaient plus, ils étaient gorgés d'eau. On a eu beaucoup de pourriture", explique le producteur.
Quel impact sur les prix ?
Lui va commencer ses ventes sur le marché Saint-Marc et directement à la cueillette lors de ses portes ouvertes du mois de septembre. Et il ne compte pas malgré tout trop augmenter les prix. "Les cours au MIN [Marché d'intérêt national de Rouen, NDLR] vont peut-être augmenter un peu, mais en vente directe, je ne peux pas me le permettre", explique-t-il.
Même réflexion à l'autre bout de la chaîne, chez le 5, un primeur de la rue Armand-Carel à Rouen. "Je ne vais pas vendre des pommes à 7 € le kilo", plaisante Christophe Lemonnier, le patron du magasin. Ses fournisseurs locaux, près de Jumièges, l'ont déjà informé : il y aura au moins un mois de retard pour la récolte des pommes cette année. Alors, il y aura un peu moins de produits locaux sur ses étals. "Je me fournis au MIN. Les prix devraient augmenter d'environ 15 %", estime le commerçant qui précise qu'il ne va "pas trop répercuter" cette hausse sur ses propres prix. "De toute façon, tout est cher cette année", ajoute-t-il, alors qu'il a déjà été contraint de se fournir dans d'autres régions pour les cerises plus tôt cet été, après une récolte catastrophique en Normandie. Pommes, poires, fruits rouges, céréales, aucune culture ne semble avoir tiré son épingle du jeu après une année pour le moins étonnante au niveau du climat. "Il y a du dérèglement climatique, c'est certain, affirme Pascal Faucon, président de la FNSEA de Seine-Maritime, le principal syndicat agricole. Avant, on avait trois ou quatre années classiques et une année mauvaise. Maintenant, c'est particulier tous les ans."
Quant aux assurances : "C'est très coûteux et les remboursements ne sont pas à la hauteur des pertes", estime le professionnel. Dans son verger, Jean-Chrétien Grain espère tout de même une petite indemnisation calamités agricoles de l'État en début d'année prochaine. En attendant surtout une meilleure année pour 2022.
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Après le blé, voilà les pommes et côté kiwis récoltés dans le sud ça va?