"J'avais atteint un palier avec les exos classiques", explique Charlotte Gibert, orthoptiste à la clinique de l'Europe et au CHU de Rouen, spécialisée dans le neuro-développement. Les supports sur feuille pour venir en aide aux enfants dyslexiques lui semblaient dépassés et peu adaptés pour passer outre la phobie scolaire de certains. Elle se lance alors, avec une entreprise parisienne spécialisée, dans l'utilisation de la réalité virtuelle, en imaginant des exercices spécifiques. Dans son cabinet, elle commence à utiliser un mur entier comme un écran, des lunettes 3D de cinéma et un capteur de mouvement, identiques à ceux utilisés sur des consoles de jeux. "En 3D, on travaille sur des aires visuelles complexes qui stimulent davantage que sur une feuille", détaille la professionnelle. L'enfant, débout et en mouvement, profite de l'aspect ludique des exercices. Ils consistent par exemple à lire un texte qui défile sur un paysage déroulant avec des variations dans la vitesse de défilement ou le contraste du texte, "pour travailler l'attention visuelle de manière très complexe". Un autre exercice consiste à se déplacer pour sauter dans les boucles des "p" ou des "b" de mots qui se rapprochent rapidement, pour apprendre à appréhender ces lettres qui peuvent poser problème.
Des déclics très fréquents
En deux ans, les résultats obtenus par Charlotte Gibert parlent d'eux-mêmes. "L'attention visuelle est meilleure et les parents décrivent bien des déclics à la lecture avec leurs enfants qui se mettent à lire spontanément les étiquettes ou les panneaux de signalisation." Le brevet est déposé et la commercialisation de la technologie est lancée pour les orthoptistes. Les expérimentations se poursuivent pour le traitement d'autres types de troubles, notamment chez les enfants autistes ou dyspraxiques.
La part visuelle des dyslexies
La dyslexie relève d'un diagnostic orthophonique, mais la prise en charge en plus par un orthoptiste est désormais quasi systématique. Et pour cause, les dernières études montrent que 30 à 40 % des dyslexies présentent des parts visuelles. "Si l'enfant n'est pas capable de bouger ses yeux de manière précise et efficace, il ne va pas réussir à lire les syllabes dans le bon ordre", explique Charlotte Gibert.
Le système MoveR
Le système a été développé par Scale-1 Portal, une entreprise parisienne spécialisée dans les solutions immersives. Charlotte Gibert a proposé de l'adapter pour les troubles de l'apprentissage, comme la dyslexie. Cette technologie MoveR est désormais brevetée et proposée à la vente pour les professionnels. L'orthoptiste rouennaise a testé cette technologie avec de bons résultats sur une soixantaine de patients. Elle est relativement peu coûteuse puisqu'elle utilise un capteur de console de jeux existant, des lunettes 3D de cinéma, un vidéoprojecteur et un grand écran pour créer un "mur immersif".
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