On estime à 500 le nombre d'héritiers de Moctezuma II au Mexique, dont l'actuel ambassadeur aux Etats-Unis, Esteban Moctezuma. Il y en aurait aussi d'autres en Espagne.
"Comment prouver que je descends du grand tlatoani (souverain) ? Simplement par le recensement des paiements emphytéotiques", explique à l'AFP l'historienne Blanca Barragán Moctezuma.
Dans sa maison à Mexico, elle montre des documents datant de plusieurs siècles prouvant que sa famille a reçu la "pension Moctezuma".
A l'origine, raconte-t-elle, il était prévu que les versements à la descendance du dernier empereur aztèque, exécuté par Hernan Cortès qui commandait la Conquista, soient maintenus pour toujours.
Via la fille de Moctezuma, Isabel, ce versement annuel - entre 60.000 et 90.000 dollars d'aujourd'hui, selon des experts en valeurs mobilières - a été versé jusqu'en 1934, date à laquelle le gouvernement l'a supprimé.
"Il n'y avait pas d'argument juridique, mais peut-être n'y avait-il plus d'argent dans les caisses. C'était le Mexique post-révolutionnaire", relève Jesús Juárez, mari de Blanca Barragán Moctezuma et avocat.
"Il s'agissait d'une compensation pour l'usufruit de terres appartenant aux descendants d'Isabel", explique Alejandro González Acosta, chercheur à l'Université nationale (UNAM).
Fille du souverain
Moctezuma est souvent considéré comme un homme superstitieux qui s'est rendu par lâcheté à Cortés en l'identifiant avec le dieu aztèque Quetzalcoatl.
"C'est une invention", objecte Pablo Moctezuma, historien et frère de l'ambassadeur à Washington, descend de la famille Andrada, qui a trouvé de nombreuses contradictions sur Moctezuma, à commencer par sa mort en juillet 1520.
"Les Conquistadors disent qu'il a été tué par les Aztèques, mais il y a des chroniqueurs religieux et indigènes qui disent que ce sont les Espagnols", soutient Pablo.
Sa fille Isabel a été designée par Charles Quint comme propriétaire à perpétuité de Tacuba, une section du nord-ouest de Tenochtitlan, capitale de l'empire aztèque détruite par les Espagnols il y a 500 ans, le 13 août 1521, l'actuelle Mexico.
"Selon les chroniqueurs, ce domaine englobait plus de 300 villages", souligne M. González Acosta.
Mais pourquoi Isabel, décédée en 1550, a-t-elle reçu ce privilège ?
"Moctezuma a eu de nombreux enfants, mais la seule légitime était Tecuichpo Ichcaxóchitl", "fille du souverain" et "fleur blanche", explique Blanca en idiome nahuatl, la langue des Aztèques.
Certains chercheurs affirment qu'il s'agissait plutôt de réprimer une rébellion. L'historienne montre des lances, des pipes ou des images de la coiffe de plumes aztèque en possession de l'Autriche, qui, selon elle, appartenait bien à Moctezuma, un avis qui est contesté par des chercheurs.
Tecuichpo s'est mariée cinq fois et a eu sept enfants. A l'âge de 11 ans, après la mort de Moctezuma II, elle est symboliquement mariée à ses successeurs: Cuitláhuac (oncle) et Cuauhtémoc (cousin).
Ses trois autres maris étaient espagnols, et Hernán Cortés en a fait sa concubine après l'avoir violée, selon les historiens et selon ses descendants.
"En 1528, elle donna naissance à Leonor, fille du conquistador, qu'elle renia", raconte M. González Acosta.
Des quatrième et cinquième mariages naissent ce qui formera sa lignée: les Andrada-Moctezuma et les Cano-Moctezuma.
Les Moctezuma espagnols
La lignée de Moctezuma est arrivée en Espagne par l'intermédiaire de Pedro, le fils de l'empereur par une concubine, qui y a été emmené enfant pour empêcher un soulèvement.
Certains Cano-Moctezuma sont arrivés à Grenade, en Espagne, avec le titre du Comté de Miravalle, créé au Mexique au XVIIe siècle.
"Ils sont une famille de plus parmi les descendants", explique M. González Acosta, qui a rencontré la 12e comtesse de Miravalle, Maricarmen Enríquez de Luna, décédée en 2014.
Des journaux espagnols tels que El Independiente de Grenade l'avaient présentée comme "la première personne dans l'ordre de succession de l'empire aztèque", tandis que El Mundo avait proclamé que "Le Mexique avait une nouvelle impératrice".
Pour Blanca Barragán Moctezuma, de la branche Cano, l'héritage est historique. Elle dit oeuvrer "à défendre la mémoire de mes ancêtres Moctezuma et Tecuichpo".
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