Ce contrôle bisannuel avait été instauré mercredi par décret pour une entrée en vigueur progressive à partir de 2023. Exigé par l'Union européenne depuis 2014 pour améliorer la sécurité routière, protéger l'environnement et limiter les nuisances sonores, il est déjà appliqué dans de nombreux pays voisins.
Cette mesure publiée dans le Journal officiel au coeur de l'été avait provoqué la grogne des fédérations de motards.
Après une discussion jeudi matin avec Emmanuel Macron, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari "a convenu avec les fédérations de se retrouver à la rentrée pour échanger largement sur les différents sujets les concernant", a indiqué une porte-parole du ministère.
"Après avoir découvert cette mesure, le président de la République a décidé que ce n'était pas le moment d'embêter les Français", a expliqué un conseiller de l'exécutif. "Avec la crise sanitaire, le pass, on leur demande déjà beaucoup. On peut être pour la sécurité sans embêter les Français dans leur quotidien, a priori sans adhésion de leur part".
Ce nouveau contrôle technique devait s'étendre à tous les véhicules motorisés à deux, trois et quatre roues, scooters de 50 cm3 et voitures sans permis compris. Comme pour les voitures, pour qui il a été instauré en 1992, le contrôle aurait dû être renouvelé tous les deux ans.
Au printemps 2021, plusieurs milliers de motards avaient manifesté bruyamment à travers la France contre la mise en place de cette mesure, réclamant à l'Etat de déroger à cette directive européenne, mais aussi contre le stationnement payant ou la circulation inter-files.
"Le ministre souhaitait l'apaisement", s'est félicité Jean-Marc Belotti, de la Fédération des motards en colère. Un rendez-vous est prévu "début septembre" avec le ministère.
"On ne propose rien, on ne veut juste pas de contrôle technique", a souligné M. Belotti. "On va voir si on peut apporter des solutions en termes de sécurité routière, mais ça risque de leur coûter un peu de sous", a-t-il souligné, citant notamment le dédoublement des glissières de sécurité, qui permettrait d'éviter de graves blessures.
Directive de 2014
Les Français aiment les deux-roues: on dénombrait en 2018 près de 2,9 millions de véhicules, un chiffre en légère baisse ces dernières années, selon le ministère de l'Intérieur. Ils étaient pilotés à 85% par des hommes.
Les motos (plus de 50 cm3) représentent la majorité du parc. Elles sont utilisées pour la promenade mais aussi pour aller au travail. Les cyclomoteurs sont logiquement plus utilisés par les plus jeunes, qui y ont accès à partir de 14 ans.
L'association Ras le scoot avait salué jeudi matin l'instauration de ce contrôle qui venait "rompre avec des années d'hésitation des pouvoirs publics jusqu'alors tétanisés face au lobby motard".
"C'est une honte absolue!", a réagi l'association dans l'après-midi sur Twitter. "Comment est-ce possible qu'une minorité puisse faire reculer Emmanuel Macron, au détriment des millions de victimes de nuisances diverses et contre la directive européenne de 2014? Nous condamnons fermement cette volte-face".
Cette mesure, c'était "garantir moins de bruit et moins de pollution!", a regretté l'adjoint EELV à la mairie de Paris David Belliard sur Twitter. "La France doit verser une amende de 10 millions d'euros pour inaction face à la pollution de l'air, mais Macron préfère faire des cadeaux à 10 mois de l'élection".
Le Rassemblement national, qui avait critiqué la mesure, s'est au contraire félicité de ce revirement. "La mobilisation des motards et des élus paye. Nous resterons vigilants sur cette escroquerie souhaitée par l'Union européenne!", a lancé son porte-parole Sébastien Chenu sur Twitter.
Une directive européenne de 2014 prévoyait la mise en place à partir du 1er janvier 2022 d'un contrôle technique pour les véhicules motorisés à deux et trois roues d'une cylindrée supérieure à 125 cm3.
La plupart des pays européens l'ont déjà mis en place, selon la Fédération européenne des associations de motocyclistes. Seuls la Finlande, l'Irlande et les Pays-Bas ont adopté des mesures alternatives pour réduire le nombre d'accidents, qui leur ont permis de le contourner.
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