Pour lutter contre le changement climatique, l'utilisation des énergies fossiles doit diminuer. Tout le monde semble d'accord. Mais lorsqu'on évoque les éoliennes ou les méthaniseurs, les passions se déchaînent entre les opposants (généralement les riverains) et les partisans (généralement ceux qui bénéficient des retombées économiques). Et puis il y a tous les autres, à la fibre plus au moins écolo, sensibles ou non à la beauté du paysage.
Radicalisation ?
"Que ceux qui ne veulent pas des éoliennes, soient privés d'électricité" tranchait chez nos confrères de LCI en juillet Jean-François Carenco, le très catégorique président de la CRE, l'autorité indépendante chargée de garantir le bon fonctionnement des marchés français de l'énergie. Peut-être ce citadin aurait-il eu un avis différent s'il avait possédé une résidence secondaire à Echauffour, près de Gacé, où les habitants sont restés des mois sans pouvoir dormir à cause de trop bruyantes éoliennes. Car ce type de machine, il n'y en a ni dans le septième arrondissement de Paris, ni dans le jardin des préfectures, où se décide l'implantation de ces générateurs électriques. Du coup, lorsqu'en juillet dernier le cinéma de Sées a accueilli une soirée projection/débat avec le film Éoliennes du rêve aux réalités, la salle était comble et le débat s'est poursuivi jusqu'à 1 heure du matin.
Quant aux méthaniseurs, des agriculteurs ne jurent plus que par eux lorsque d'autres estiment "qu'on est entré dans une dérive qui va modifier profondément le paysage agricole dans les prochaines années". Malgré la réglementation, certains craignent que ces machines à produire du méthane engloutissent de plus en plus de maïs subventionné par la Politique agricole commune (PAC), au détriment de l'alimentation animale, de l'augmentation du prix de la location des terres pour le faire pousser. Les opposants à certains projets dénoncent aussi le transport par des camions sur des centaines de kilomètres, des ingrédients nécessaires à "nourrir" certains méthaniseurs. C'est ce qui a poussé le président d'Argentan-Intercom a s'opposer à un projet de méthanisation à Nécy, alors que, convaincu par la transition énergétique, il investit dans le même temps dans des bus qui roulent au biogaz et que son territoire sera le premier dans l'Orne à accueillir un "rebours", dispositif d'injection du méthane dans le réseau gaz de ville.
Usine à méthane
Mais certains agriculteurs ont semble-t-il le ventre plus gros que celui de leur méthaniseur, en déposant des dossiers aux limites supérieures autorisées par la législation, avant de demander une extension sitôt leur méthaniseur mis en service. La démesure n'est-elle pas en train de tuer ce qui au départ paraissait raisonnablement pouvoir offrir une source de revenus supplémentaire aux paysans ? Seule certitude dans ce complexe dossier des nouvelles sources d'énergie, la seule démarche vertueuse auquel chacun doit s'astreindre, est de réduire sa propre consommation d'énergie...
Les Sources de l'Orne, territoire à énergie positive
Certains élus séduits par les nouvelles énergies en font leur priorité, comme sur la Communauté de communes (CDC) Sources de l'Orne qui regroupe 23 communes autour de Sées. Lors de la signature avec l'État de son "Contrat de relance et de transition énergétique" son président Jean-Pierre Fontaine a expliqué ce choix du développement durable, "la plantation de haies, l'achat d'une ferme de 83 hectares pour y valoriser les circuits courts, mais aussi des aides aux économies d'énergie". L'élu souhaite un "territoire à énergie positive" dont il a détaillé les projets publics et privés : "la plus grande centrale photovoltaïque de l'Orne sur la quinzaine d'hectares de la friche SNCF à Surdon, déjà deux méthaniseurs en production de gaz et bientôt un troisième en production d'électricité, bientôt la première station-service à hydrogène dans l'Orne". Mais aussi un projet participatif de quelques éoliennes d'ici 5 ans, qui associerait les collectivités et les habitants. Une façon en les impliquant, de faciliter leur acceptabilité de ce parc éolien tout en les sensibilisant aux économies d'énergie. Mais ce projet fait hurler les défenseurs du patrimoine à proximité de la cathédrale de Sées. "L'ambition de ce mix énergétique est d'atteindre l'autonomie en énergie de la CDC", estime son président, "outre l'aspect écologique, il s'agit aussi d'investissements d'avenir qui permettront à ce territoire de dégager des ressources lorsque l'État, la région, ou le département vont réduire les robinets des subventions".
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