En 2009, le GAEC des Fossés à Moussonvilliers a été le second à construire une méthanisation en Normandie.
Un complément de revenus sur le modèle Allemand
Ce groupement agricole (GAEC) est né en 2009 du regroupement des parents et de leurs deux fils. 125 vaches laitières sur 530 hectares et bien vite une réflexion sur la pertinence d'installer un méthaniseur pour valoriser le lisier. En 2011, il est parmi les vingt premiers à être érigés en France. Le gaz alimente des moteurs qui font tourner en permanence des génératrices qui produisent de l'électricité. C'est ce qui s'appelle la cogénération. "On a des animaux qui produisent des déjections. On les met dans le méthaniseur, ça produit de l'énergie, puis les restes (les digestats) sont épandus sur nos terres, la boucle est bouclée", explique Philippe Lejeanne, le père de famille. "La méthanisation retire l'essentiel de l'odeur du lisier. Le digestat a la même valeur nutritive que le lisier ou le fumier, avec une meilleure absorption par les plantes". Il est valorisé lors de l'épandage au printemps sur le blé, le maïs et les prairies. À l'automne sur le colza et les prairies, d'où des économies d'achat d'engrais. Et Philippe Lejeanne de dénoncer les arguments des détracteurs de méthaniseurs : "ça ne fait pas mourir les vers de terre, c'est un super amendement pour nos terres si on fait bien une rotation des cultures sur 3 à 5 ans. Je viens de le vérifier en donnant des coups de fourches sur nos terres au bout de 10 ans d'épandage". L'agriculteur affirme même qu'il a désormais "une réflexion différente sur ses systèmes de culture, avec de meilleures pratiques pour l'environnement".
En 2016, le méthaniseur du GAEC est passé d'une production de 130 kW à 250 kW, soit 2 100 MWh produits annuellement, et vendus à EDF. Cela représente la consommation de 400 à 500 maisons.
Du lisier à l'électricité
L'installation est alimentée par le lisier et le fumier produit par l'élevage des bovins. Annuellement, elle engloutit également 600 tonnes de déchets de céréales, 300 tonnes des tontes des communes et des paysagistes alentour, 500 tonnes d'autres végétaux (cultures intermédiaires d'hiver), et 100 tonnes de menue paille résiduelle de la moisson. Le tout, issu du GAEC ou d'exploitations voisines.
"La méthanisation apporte la sérénité aux agriculteurs qui ont subi de nombreuses crises du prix du lait, de la viande, de fluctuation des cours des céréales" explique Philippe Lejeanne. "La vente d'électricité amène un revenu supplémentaire garanti et stable pour 15 ans, indépendant des aléas de la météo, ou des contraintes de la PAC". Aujourd'hui, cette manne représente un tiers des revenus du GAEC des Fossés "et on y passe beaucoup moins de temps qu'à l'élevage des vaches" précise l'agriculteur, "avec un retour sur investissement beaucoup plus rapide que sur le reste de la ferme". Les investissements successifs sur le méthaniseur du GAEC atteignent 1,3 million d'euros.
Une transition écologique... et informatique !
Méthanisation agricole
La Chambre d'agriculture de l'Orne promeut les méthaniseurs gérés par les agriculteurs et respectueux des normes qui limitent à 15 % le volume de matière alimentaires (comme le maïs) que peut engloutir une méthanisation. Elle souligne aussi que la méthanisation permet de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre des effluents d'élevage.
Internet va fonctionner grâce aux agriculteurs
D'ici 2023, l'État souhaite atteindre un millier d'unités de méthanisation en France, soit une dizaine par département. Ils sont déjà plus nombreux dans l'Orne, où de nouveaux projets sont en cours d'étude. Cela s'explique par les nombreuses exploitations agricoles spécialisées dans l'élevage, qui sont implantées dans ce département. Les méthaniseurs génèrent de la chaleur qui est actuellement parfois récupérée pour sécher du grain, chauffer des serres ou des habitations. Mais de nouveaux débouchés, plus inattendus, sont actuellement à l'étude. Ainsi, grâce à un système de climatisation inversée, les méthaniseurs pourraient produire du froid. Et avec l'arrivée de la fibre optique dans nos campagnes, ce froid pourrait prochainement servir à refroidir les "data-centers", ces immenses sites qu'il faut climatiser car de nombreux ordinateurs, indispensables au fonctionnement d'Internet, y chauffent.
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