Il y a un siècle, le Cailly et la Clairette s’écoulaient à Déville-lès-Rouen d’usine en usine, comme les deux veines d’une industrie alors intense. Aujourd’hui, tout a bien changé. Symbole d’une mutation profonde, depuis plusieurs années, les deux cours d’eau respirent à nouveau et leurs berges deviennent des lieux de promenade privilégiés. Car Déville-l’industrielle a laissé la place à Déville-la-résidentielle, commune de plus en plus prisée à l’ouest de Rouen.
Le double effet Teor et Pont Flaubert
Maire depuis 1995, l’ancien député Dominique Gambier (PS) gère sa commune en bon père de famille, comme le veut l’expression. En témoigne l’état des finances municipales, irréprochable depuis des années. En quinze ans, Déville a vu sa métamorphose s’accélérer en trois temps. En 2000, l’arrivée du Teor place la commune à quelques minutes en bus de la capitale régionale. En 2003, l’usine Viasystems, qui a employé jusqu’à mille personnes, ferme ses portes. Enfin, en 2008, l’ouverture du Pont Flaubert met la rive gauche et son vaste bassin d’emplois à quelques minutes des bords du Cailly. “La ville s’est ouverte, la mobilité s’est accentuée. Parallèlement, le cyclone Viasystems a révélé combien peu d’ouvriers vivaient encore dans la vallée”, analyse Dominique Gambier.
Conséquence logique : un changement sociologique s’est amorcé “et Déville a connu une certaine poussée immobilière”. Phénomène impensable deux décennies plus tôt dans une commune construite avec et autour des industries, “nous voyons aujourd’hui des nouveaux habitants se plaindre du bruit généré par l’usine Vallourec !”
Dans une ville étroite et articulée autour de son interminable route de Dieppe, l’industrie vit ses dernières heures. Parallèlement, de nouveaux logements voient le jour. Plus de 500 depuis 2008 et les projets ne manquent pas. Pour Dominique Gambier, ces changements de fond s’accompagnent “d’une modernisation de la commune”. En septembre, deux salles municipales dernier cri ouvriront ainsi leurs portes derrière la mairie, et plusieurs chantiers de réaménagement de voirie sont prévus.
Les rivières revivent
Devenue attractive, la commune cherche aussi à mettre en valeur son cadre de vie. Car elle est entourée de forêts, aimants pour citadins en quête d’espace. Mais ce sont surtout ses rivières qui font l’objet de toutes les attentions. “En 1995, quand j’ai été élu maire, ce n’était pas très beau à voir”, confie Dominique Gambier. Jusque-là, “la ville tournait le dos” à ses cours d’eau, sales et peu entretenus, “emprisonnés” entre usines et logements. Alors, en 1998, quand la municipalité a racheté le terrain d’une entreprise ayant plié bagage, elle a réservé une bande le long du Cailly. Pour la première fois, une portion de berge s’ouvrait aux promeneurs. “Nous avons commencé à réintéresser les habitants aux rivières. L’idée est de permettre un jour la promenade complète depuis Maromme jusqu’au bassin Saint-Gervais. On y arrivera”, pronostique le maire.
Thomas Blachère
Repères
Démographie. Déville-lès-Rouen compte aujourd’hui environ 10 300 habitants, dont 24,5 % de retraités et 45,9 % d’employés et d’ouvriers.
Transversales. Pour casser l’aspect longiligne de la commune, la municipalité veut créer des “transversales” en élargissant certains axes, telle la rue Broucq et son pont-rail.
Jacinthes. Au sud de la ville, l’ancien Centre hospitalier-maison de retraite des Jacinthes a déménagé. A la place, de nouveaux logements devraient voir le jour.
Insalubrité. Autour de la route de Dieppe, la mairie note la recrudescence d’habitats insalubres. Le maire fait régulièrement recours à son droit de préemption.
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