À Argentan, l'usine d'emballages plastiques Amcor avait fermé à l'été 2017. Ce plus grand bâtiment de l'agglomération, devenu friche industrielle, va revivre avec un projet unique au monde, dédié à l'environnement.
Quelque 80 000 tonnes de ficelles et de filets usagers de roundballers (les grosses balles rondes de fourrage) jonchent les campagnes d'Europe. Avec ses partenaires, RecyOuest va les récupérer, les nettoyer, puis les transformer en petites billes de plastique qui pourront ensuite servir à refabriquer des ficelles et des filets pour l'agriculture. L'entreprise s'implante dans la zone industrielle d'Argentan.
De longues études
Dix ans de recherches et d'études ont été nécessaires avant que ce projet en arrive à sa phase industrielle. Il est l'initiative de Marcella Moisson, d'origine péruvienne. "La première étude remonte à 2014", se souvient Éric Prod'homme, le directeur de l'Adème de Normandie, qui a soutenu le projet. Déjà 5 000 tonnes de filets sont collectées chaque année par Adivalor, auprès de 80 000 agriculteurs français. "Dans l'Orne, on en collecte 20 % de plus chaque année", constate Nicolas Tison, président des Groupements de vulgarisation agricole du département. Mais ils contiennent des restes de paille et de terre et comme aucun dispositif n'existait, ils étaient ensevelis, voire brûlés. L'ingéniosité de RecyOuest est de les nettoyer, sans utiliser d'eau ni de produit chimique, avant de permettre la réutilisation du plastique. Un process en quatre étapes : "coupe des ficelles livrées en gros ballots, nettoyage, agglomération et formation des granulés", détaille Arnaud Trohel, directeur de RecyOuest.
Ecoutez ici Arnaud Trohel:
Un marché européen
Le Royaume-Uni et l'Allemagne sont déjà intéressés par le savoir-faire de la nouvelle entreprise d'Argentan. Pour éviter qu'il finisse sa vie au fond des océans, l'Europe va en effet "taxer le plastique qui n'est pas recyclé. En Grande-Bretagne, la taxe sera de 200 euros la tonne, dès 2022", explique Catherine Ansaldi, du fabricant de filet PHP-Philippe.
Pour passer à la phase opérationnelle, RecyOuest a le soutien de l'Agglo d'Argentan, la Région Normandie, la Banque des territoires. L'entreprise a notamment bénéficié du plan de relance gouvernemental. Pour l'instant, les immenses bâtiments sont vides, mais les premières machines arriveront dès après l'été. Seize personnes seront embauchées pour le démarrage du site, dont la production industrielle doit débuter en début d'année prochaine.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.