Devant un film, certains vont noter la beauté des décors ou s'attarder sur les belles carrosseries. Benjamin Lucas, lui, n'a d'yeux que "pour le vert, le bouquet ou le centre de table". L'anecdote, qui fait sourire le jeune homme de 32 ans derrière ses petites lunettes rondes, révèle tout un pan de sa personnalité. Aujourd'hui "designer végétal floral", un terme qui l'amuse mais qu'il trouve "un peu pédant", l'artiste compose, dans son atelier de Canteleu, des œuvres commandées par les plus grandes entreprises, soit pour les exposer soit pour faire des cadeaux à leurs collaborateurs. Pourtant, le Rouennais a longtemps cherché sa place.
Être libre pour mieux créer
"Je n'ai pas d'explications, mais j'ai toujours voulu travailler dans le milieu de la déco et de la fleur", rembobine-t-il. Obéissant à la seule condition posée par des parents qui l'ont soutenu dans ses projets, Benjamin est allé jusqu'au bac "pour ne pas se fermer de porte" avant de se lancer dans des études de fleuristerie. Poussé par un caractère de meneur et un goût très relatif pour les contraintes imposées, il a ensuite poursuivi ses études dans le management, la communication et l'événementiel… sans jamais trop s'éloigner des plantes. "Déjà à l'époque du BTS, il m'arrivait de sécher les cours pour aller dans des boutiques, pour m'imprégner du métier, pour passer le balai", s'amuse-t-il. Mais à l'heure de gérer ses deux premières boutiques, la réalité a fini par le rattraper : "Je me suis rendu compte que je n'étais pas du tout fait pour ça, que j'étais malheureux en magasin. C'est la première fois que j'ai douté." Après un court retour par la case études, il a le déclic en se jetant dans l'inconnu. "Avec juste un billet d'avion et une coloc trouvée sur Internet", Benjamin Lucas est parti fleurir des événements et des mariages d'exception en Afrique-du-Sud. "C'est là que j'ai compris que j'étais fait pour être en mouvement, car c'est là que je suis le meilleur pour créer. J'ai besoin de sortir de ma zone de confort", assure-t-il dans un grand sourire.
Forcément, il fait face aux aléas de la double vie de patron et d'artiste, de la gestion de son entreprise à un perfectionnisme exacerbé. Au point de souvent demander des avis extérieurs sur ses créations et de refuser d'accrocher ses œuvres chez lui. "On peut toujours trouver un moyen de faire mieux, donc si j'ai ça au-dessus du canapé, je ne vais pas regarder le film", s'esclaffe-t-il. Un maigre tribut à payer pour mener la vie qu'il aime. Car s'il s'est longtemps cherché, Benjamin Lucas l'assure sereinement : "Maintenant je suis vraiment épanoui, je me sens à ma place."
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