"Je ne réalise toujours pas. Je pense que ça va être une expérience folle", lance la pétillante jeune femme de 23 ans. La tête sur les épaules, la voix posée mais le débit soutenu, Mélanie Barillère déroule dans le détail comment elle a obtenu un très convoité poste d'un an au sein de l'Agence spatiale européenne (ESA) aux Pays-Bas, à Noordwijk. Tout est parti des nombreuses retombées médiatiques autour d'un autre Normand de l'agence, un certain Thomas Pesquet. "Avec mon coloc, on a regardé quelles étaient les conditions pour être embauché comme astronaute. Et j'ai remarqué qu'il y avait d'autres postes à pourvoir au sein de l'ESA qui pouvaient me correspondre", raconte-t-elle, encore incrédule. Mélanie Barillère saisit sa chance. Et elle fait les choses à fond. "Mon CV, je l'ai bichonné ! Et puis, j'ai beaucoup bachoté le site de l'ESA pour me renseigner sur tous leurs projets." Jusqu'à passer un premier entretien, puis un second avant la réponse ferme. "J'ai senti qu'il y avait un bon feeling", décrit-elle enthousiaste, séduite aussi par la volonté de l'ESA de faire de la place aux minorités au sens large. En l'occurrence, Mélanie Barillère a été choisie pour un métier encore très majoritairement occupé par des hommes : celui de data scientist, une spécialité informatique qui consiste en la collecte et l'analyse de données en vue de les représenter. Et avec une grande modestie, Mélanie Barillère espère que ce parcours servira d'inspiration, pour finir de briser un plafond de verre qui, s'il se fragilise, n'a pas encore cédé. "Mes parents ne sont pas cadres, je suis une fille, je viens de la campagne [Bernay, NDLR]… J'aime profiter de cette chance pour montrer que l'on peut tout essayer !", indique la passionnée.
Passion science-fiction
Et ce n'est pas la première fois que Mélanie Barillère relève des défis que certains pensaient hors de sa portée. "Au lycée, on m'a fait comprendre que je n'avais rien à faire dans un bac scientifique et encore moins en informatique avec mes parents libraires et mon profil littéraire." Exactement ce qu'il lui fallait pour nourrir son esprit de contradiction et la pousser à prouver l'inverse, en excellant rapidement, à force de travail dans les matières scientifiques, jusqu'à intégrer une école d'ingénieur, l'Esigelec à Rouen. Son profil, aussi littéraire, transparaît malgré tout dans sa passion pour la science-fiction. "C'est le genre que je préfère, les dystopies m'ont toujours passionnée." Une fascination pour le cosmos un peu fantasmée, que la jeune femme va désormais mettre au service du réel dans une agence qui contribue au quotidien à l'exploration de l'espace.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.