"Je suis un survivant, c'est ma force, mon énergie pour que les enfants d'aujourd'hui ne vivent pas ce que j'ai vécu." Avec ces mots, Laurent Boyet, président de l'association Les Papillons fait référence à ce que lui a fait vivre son frère pendant trois ans, quand il n'était encore qu'un enfant. "Il faut se libérer au plus vite du mal qui a été fait", poursuit-il pour justifier l'installation des boîtes aux lettres proposées par son association. À Rouen, le gymnase Nelson-Mandela, situé sur la rive gauche, a accueilli la septième de la ville aux cent clochers. Ces boîtes sont en effet installées dans différentes structures qui accueillent des enfants (voir l'encadré) et le dispositif leur est expliqué.
Une "main tendue" pour les enfants
Elles leur permettent d'inscrire sur un papier les faits dont ils seraient victimes : harcèlement physique, sexuel ou scolaire. Tous les milieux sont visés, que ce soit à la maison, à l'école ou ailleurs. "Ces boîtes aux lettres sont une main tendue pour les enfants afin de briser le silence", affirme Alexis Hanquinquant, paratriathlète rouennais, parrain de l'association mais aussi père de deux enfants.
Chaque mot déposé par un enfant est, en effet, recueilli par des bénévoles de l'association, qui passent au moins deux fois par semaine relever les boîtes, puis transmis à une cellule de veille "chargée de lever les doutes" notamment lorsqu'il s'agit d'un dessin. "S'il s'agit d'un sujet lié à l'école, le chef d'établissement est alerté, s'il s'agit d'autres faits graves, c'est là que nous pouvons nous tourner vers la justice", complète le président de l'association. Depuis le 1er janvier, ce sont 360 mots qui ont été recueillis en France, entraînant une vingtaine "d'informations préoccupantes et 12 ont été transmises au procureur", indique Laurent Boyet.
La boîte aux lettres de l'association Les Papillons, au sein du gymnase Nelson-Mandela à Rouen.
Les sept boîtes aux lettres de l'association sont installées dans des équipements sportifs : piscine, patinoire, gymnase ou encore stade. "Nous maillons plutôt bien le territoire, indique Sarah Vauzelle, adjointe au maire en charge des sports. L'idée derrière c'est de ne pas se limiter aux équipements sportifs et de pouvoir en installer au plus près des jeunes."
Pas encore en école
Sarah Vauzelle évoque ainsi la piste "des médiathèques, des centres sociaux, des MJC, de tous les endroits fréquentés par les enfants". Mais, "il ne faut pas non plus installer des boîtes aux lettres partout car derrière, il faut des bénévoles pour aller relever le courrier", ajoute l'adjointe au maire. Seul obstacle que rencontre l'association Les Papillons : l'interdiction d'installer ses boîtes dans les écoles, que ce soit en Seine-Maritime comme partout ailleurs en France, sur décision de l'Éducation nationale. "Il vaut mieux travailler en parallèle sur la sensibilisation d'un maximum de jeunes sur les lieux où se trouvent les boîtes", précise Sarah Vauzelle.
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