Les deux réacteurs de Taishan, situés à environ 120km à l'ouest de Hong Kong, sont pour l'instant les seuls EPR à être entrés en service dans le monde.
Cette technologie, conçue pour offrir une puissance et une sûreté améliorées, est présentée comme le fleuron de la filière nucléaire française et une vitrine pour EDF. Mais elle a subi de nombreuses déconvenues, en France et en Finlande, où deux réacteurs en construction ont accumulé les retards et les dépassements budgétaires.
Deux autres EPR ont été commandés par la Chine: Taishan 1, commencé en 2009 et entré en service en 2018, et Taishan 2, raccordé en 2019.
La chaîne américaine CNN a annoncé lundi une possible "fuite" dans cette centrale.
EDF, qui est actionnaire à 30% de la centrale aux côtés du groupe national CGN, a fait état de la présence de "gaz rares" dans le circuit primaire du premier réacteur, après la dégradation de la gaine de quelques "crayons" contenant les pastilles d'uranium.
Le groupe en a été informé dès octobre, mais samedi des informations lui sont parvenues faisant état d'une hausse des concentrations de gaz, un phénomène "connu" et "prévu", selon EDF.
"La sécurité est garantie"
Le circuit primaire est un circuit fermé contenant de l'eau sous pression, qui s'échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles.
La procédure prévoit que ces gaz soient collectés et traités afin d'en retirer la radioactivité, avant d'être rejetés dans l'air.
Lors de sa première réaction officielle, le gouvernement chinois s'est voulu mardi rassurant, alors que les médias chinois, contrôlés par le régime communiste, observaient une grande discrétion sur cette affaire.
"D'après les informations fournies par les autorités compétentes, la situation actuelle à la centrale nucléaire de Taishan répond aux exigences techniques", a déclaré devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.
"Il n'y rien d'anormal dans la radioactivité autour de la centrale nucléaire et la sécurité est garantie", a assuré M. Zhao.
L'organisme chinois de sûreté nucléaire a fait état ces derniers mois d'un incident survenu à Taishan.
Le 5 avril, une "petite quantité de gaz radioactif a pénétré de manière inattendue" dans la canalisation étanche du premier réacteur de la centrale, avait indiqué le régulateur.
Et la quantité de gaz alors rejetée représentait 0,00044% de la limite annuelle réglementaire, selon lui.
Il n'est pas clair s'il s'agit du même problème que celui évoqué lundi.
"Ne réagissons pas à chaud"
"Aucune détection inhabituelle de radionucléide (un atome radioactif, NDLR) n'a été rapportée jusqu'à présent", a fait savoir mardi depuis Vienne la CTBTO, l'organisation responsable de l'application du traité d'interdiction des essais nucléaires.
L'organisme dispose d'un réseau de plusieurs centaines de stations de surveillance des émissions de radioactivité anormales, y compris d'origine civile.
La Chine compte une cinquantaine de réacteurs en fonctionnement, ce qui la classe au troisième rang mondial derrière les Etats-Unis et la France.
En France, les critiques contre l'EPR se multiplient depuis l'annonce d'un incident à Taishan.
Mais la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a appelé à ne pas prendre de décisions hâtives sur de futurs chantiers.
"Toutes les énergies ont des avantages et des inconvénients, regardons-les mais ne réagissons pas à chaud", a plaidé mardi sur France Inter la ministre, opposante de longue date au nucléaire.
Le problème révélé à Taishan intervient au moment où EDF espère de nouveaux chantiers pour son réacteur.
EDF discute avec des pays européens comme la Pologne ou la République Tchèque. Le Royaume-Uni, où deux EPR sont déjà en cours de construction, envisage d'en commander deux de plus.
Le groupe mène également des discussions avec l'Inde pour y installer une centrale géante avec six EPR sur le site de Jaitapur.
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