C'est un chantier inédit. Le 12 juin 2020, le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) Perle subissait un incendie à Toulon, pendant 14 heures d'affilée. L'avant du navire, avait été fortement endommagé. L'arrière était resté intact. Une chance, on lui comptait un jumeau, un autre sous-marin nucléaire d'attaque de type Rubis, le Saphir, arrivé en juillet 2019, sur le site de Naval Group, à Cherbourg et retiré du service actif.
Alors, la Ministre des Armées Florence Parly a annoncé en octobre le projet de souder les deux parties. Et c'est sur le site de Naval Group à Cherbourg que le travail s'est fait, en mai dernier : souder l'avant du Saphir avec l'arrière du Perle. "C'est aussi complexe que de l'horlogerie suisse", explique Ludovic Colin, directeur adjoint en charge des projets du site liés à l'écosystème. "C'était avant tout un challenge sur le plan du planning puisque nous avions 6 mois [de janvier à juin] pour faire ces opérations de découpe et de jonction, explique Guillaume Tourrette, chef de projet. C'est effectivement une première mondiale, puisque c'est la première fois qu'on répare un sous-marin en greffant la partie avant d'un autre bateau". Pour autant, ces opérations de soudure entre les parties d'un même sous-marin sont pratiquées régulièrement à Cherbourg (19 jonctions en 2021).
Guillaume Tourrette, chef de projet
Pour mener à bien ce chantier, 300 personnes ont été mobilisées, à la fois de Cherbourg mais aussi de Toulon (experts dans l'entretien et la réparation), pendant 100 000 heures d'étude et 250 000 heures de travail industriel.
Cette réparation a permis de rallonger le navire d'1,5 mètre, en dupliquant deux cloisons lors de la soudure, mais aussi de le moderniser : "Il sera plus performant", assure Guillaume Tourrette. Le Perle sera mis à l'eau dans quelques jours dans le bassin du Homet et laissera sa place au petit dernier et 2e de la classe Barracuda : le Duguay-Trouin.
Une nouvelle étape, à sec, subsiste néanmoins dans la réparation du Perle : la liaison de quelques 120 câbles électriques entre les deux SNA. Une opération minutieuse qui a été étudiée au millimètre près grâce à une immersion en réalité virtuelle. Munies de lunettes 3D, les équipes se déplacent virtuellement dans le sous-marin. Objectif : "Dérisquer les opérations physiques", explique Guillaume Tourrette.
En octobre, le sous-marin Perle regagnera Toulon pour des essais à quai et en mer. Sa mise en service est prévue en début 2023, pour une durée de vie moyenne de 10 ans avant une nouvelle expertise.
Guillaume Tourrette, chef de projet
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