Ces derniers mois, l’histoire semble s’accélérer : réforme portuaire, mise en place d’Haropa, "l’alliance" des ports de Rouen, du Havre et de Paris, approfondissement du chenal... Depuis le pont Jeanne d’Arc, le port donne l’impression d’être un peu éloigné des préoccupations des Rouennais. Et pourtant, il s’agit d’un acteur majeur, autour duquel gravitent près de 20.000 emplois directs ou indirects. Appelé à grandir dans les années à venir, le grand port maritime travaille à renforcer son image au coeur de l’agglomération.
20.000 emplois directs ou indirects
"Les anciens ont vu le port comme on ne le verra plus. Aujourd’hui, les navires restent à quai moins de douze heures et l’activité s’est éloignée du centre, afin de permettre la création d’installations performantes", rappelle Philippe Deiss, dans son grand bureau du boulevard de Boisguilbert, offrant une vue imprenable sur la Seine. "Conséquence : les Rouennais ont tendance à oublier qu’ils vivent dans une ville portuaire ou alors, ils la résument aux paquebots qu’ils aperçoivent parfois". En outre, rive droite comme rive gauche, jusqu’au pont Flaubert, "la ville gagne désormais sur le port, alors que ce dernier se développe".
Cinquième port de France, premier d’Europe pour les céréales, le GPMR gère son voisinage en bonne intelligence. Visites en bateau, campagnes de communication, prise en compte du facteur écologique, comme pour le marais de l’Aulnay, à Grand-Couronne, reconstitué après avoir servi de lieu de stockage de sédiments : "C’est important de faire connaître le port", estime son directeur, "alors que, depuis dix ans, menace terroriste oblige, les ports se barricadent de plus en plus". Mais pourquoi vouloir à tout prix renvoyer une bonne image à la population ? "Nous générons des flux de poids lourd ou de la poussière. Il est indispensable de pouvoir en expliquer les raisons aux gens".
Viser le podium des plus gros ports européens
D’autant plus qu’avec la création du Groupement d’intérêt économique Haropa (contraction de Havre, Rouen, Paris), qui traduit la volonté de l’Etat d’associer les trois grands ports dans le cadre de l’Axe Seine, la place rouennaise pourrait voir son activité gonfler dans les prochaines années. “Les habitants de Rouen vont comprendre qu’ils vivent au sein du quatrième système portuaire européen”, rappelle Philippe Deiss, le premier président du GIE Haropa. "Derrière cette alliance, c’est la naissance d’un bras armé pour mener des actions en commun. Seul, Rouen est le 10e ou 12e port d’Europe. Désormais, nous sommes dans une toute autre échelle".
A terme, Haropa ambitionne de monter sur le podium des plus gros ports du continent. "Nous pouvons gagner des parts de marché, dépasser Anvers (3e) et nous rapprocher de Hambourg", confie Philippe Deiss. "Les Rouennais ont tendance à oublier qu’ils vivent dans une ville portuaire. Ils vont comprendre qu’ils voisinent avec le quatrième ensemble portuaire européen." Les Rouennais sont prévenus : leur port ne manque pas d’appétit.
Thomas Blachère
Repères
2011 Après son record historique de 2010 (26,6 millions de tonnes), le Grand port maritime de Rouen a légèrement reculé en 2011, avec un trafic total de 25,4 millions de tonnes.
Petroplus La raffinerie de Petit-Couronne a généré 10 % du trafic total du port en 2011. Si elle venait à disparaître, les conséquences seraient lourdes pour le GPMR.
Ecolo En volume de marchandises transportées, un navire de 50 000 tonnes équivaut à une file de camions de 136 km ; un convoi fluvial, à 176 camions de 25 tonnes !
Tourisme L’activité croisières du Port de Rouen reste marginale dans son activité totale. Cette année, il accueille 41 paquebots, dont 14 à Rouen et 27 à Honfleur.
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