La plage, terminus. Au Havre, le tramway conduit locaux et touristes à quelques centaines de mètres de l'eau. Tout près, aussi, des clubs de voile, idéalement installés entre le port de plaisance et les galets. A eux trois, la Société des régates du Havre (SRH), le Sport Nautique et Plaisance du Havre (SNPH) et le Centre nautique Paul Vatine (CNPV) regroupent 20 % des licenciés normands, avec un peu plus de 5 000 pratiquants en 2019. C'est deux fois plus qu'à Granville (Manche), quatre fois plus qu'à Cherbourg, deux autres places fortes de la voile en Normandie. "Il est rare de trouver des structures comme celles-ci en centre-ville. C'est un gros avantage", analyse Joseph Norroy, directeur du CNPV. La baie du Havre offre pourtant de rudes conditions aux pratiquants, avec "beaucoup de courants, une mer agitée, des falaises en alternance avec une côte basse…", énumère Cédric Blondel, aux manettes du SNPH. Un terrain de jeu sans doute propice pour l'apprentissage, avec des solutions de repli dans les bassins, en ville.
Voile scolaire, stages d'été…
Entre les trois clubs, existe une saine émulation, voire une collaboration sur des événements comme la transat Jacques Vabre. Leurs licenciés s'affrontent aussi depuis trente ans sur les régates du jeudi, devenues "Jeudis sur l'eau". "Notre intérêt commun est d'animer la baie", estime Pierre Grosso, qui dirige le premier club havrais en nombre de licenciés, la SRH. Une partie de cet engagement passe par la voile scolaire, avec un objectif affiché par la municipalité du Havre : que 80 % des CM2 aient été initiés. L'ambition derrière ? Que 10 % de ces moussaillons reviennent dans les clubs. "Ils sont les pratiquants de demain", poursuit le directeur des Régates, pour qui la réalisation d'un tel objectif devra nécessairement passer par la modernisation de la flotte. Cédric Blondel estime pour sa part que les stages d'été sont "le plus grand levier" pour amener des pratiquants à la voile de loisir ou à la compétition. "Nous vivons une crise qui va demander beaucoup d'énergie pour relancer la machine, constate le directeur du SNPH, mais les gens ont envie de sortir, d'évoluer dans un milieu naturel. C'est une réelle opportunité à ne pas manquer." De nouvelles pratiques émergent, comme le wing foil, à mi-chemin entre surf et planche à voile (lire ci-dessous). "À nous d'être compétents, d'avoir des moniteurs formés, pour mettre plus de monde sur l'eau, de façon sûre."
"Le grand Paris, c'est réel pour nous"
Du côté de la SRH, on mise aussi sur un public de Franciliens. Il y a une douzaine d'années, le club doyen a investi dans une flotte de douze J80, des navires pouvant accueillir des équipages de quatre ou cinq personnes. "Le grand Paris, c'est réel, pour nous, sourit Pierre Grosso, tous les week-ends, des Parisiens viennent s'entraîner ou s'affronter sur des régates d'entreprises." Au CNPV, Joseph Norroy croit en l'essor touristique du Havre et propose de plus en plus de sorties découverte, à bord d'un voilier de 9 mètres. Les 500 ans de la ville, en 2017, ont pour lui été un marqueur fort en la matière. "Tout est là pour faire du Havre une ville nautique."
Préparez-vous à la déferlante wing foil !
Selon les initiés, son décollage actuel laisse présager un succès similaire à celui de la planche à voile, dans les années 1980. Le wing-foil est le sport nautique qui monte. Cette planche munie d'un appendice qui permet de survoler l'eau - le foil - se dirige à l'aide d'une voile que l'on tient à bout de bras.
Des enjeux de sécurité
Au Havre, le SNPH a été le premier à proposer des stages d'initiation, dès le mois d'avril. La SRH lui a emboîté le pas. Outre l'arrivée de nouveaux pratiquants, l'enjeu pour les clubs est aussi de leur apporter des bases pour une pratique sûre. "C'est ce qui a été fait avec la planche à voile mais que nous avons raté collectivement avec le kite surf", estime Cédric Blondel, directeur du SNPH, qui a formé toute son équipe à cette nouvelle pratique. "L'effet Covid a ramené les gens vers le plan d'eau, mais avec des problèmes de sécurité", constate de son côté Pierre Grosso, le patron de la SRH.
Une première régate
La ligue de voile de Normandie organise une première régate de wing foil, la Normandy Flying Race, les samedi 12 et dimanche 13 juin. Les concurrents seront départagés sur des parcours construits en face de la plage d'Antifer et un downwind entre Antifer et la baie du Havre. Cette pratique consiste à surfer la houle en haute mer. La compétition est aussi ouverte aux kites et planches à voile à foil.
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