Petit vent de liberté cette semaine… Depuis le 19 mai, les Français retrouvent un peu leur vie d'avant : couvre-feu plus tardif à 21 heures ; réouverture partielle des terrasses de restaurants ; réouverture partielle des cinémas, des musées, des universités ; réouverture prudente des commerces “non essentiels” ; reprise des activités et compétitions de sport collectif en plein air ; réouverture contrôlée des stades ; assouplissement – surveillé – de l'accueil aux mariages et aux obsèques… Mais il faudra attendre le 9 juin pour que les clients puissent pénétrer à l'intérieur des restaurants, pour que le télétravail cesse d'être la norme, et pour que le couvre-feu soit retardé jusqu'à 23 heures.
Cela dit, on sait – depuis l'entretien d'Emmanuel Macron avec la presse régionale le 29 avril – que les choses ne seront pas aussi simples. Il n'y aura pas de réouvertures dans les départements où se produirait une flambée de contaminations, comme récemment à Dunkerque ou sur la Côte-d'Azur. Ni là où les services de réanimation seraient saturés. Ni là où l'on dépasserait les 400 contaminations pour 100 000 habitants :
ce qui menace huit départements très peuplés, en particulier l'Ile-de-France et les Bouches-du-Rhône.
Les pessimistes et les optimistes
Et les controverses ne perdent pas leurs droits. Pour l'épidémiologiste Catherine Hill, “au lieu de s'organiser enfin pour dépister massivement la population et isoler les gens positifs avant qu'ils n'aient des symptômes, on va laisser le virus circuler et je crains le pire… Je comprends bien que tout le monde en a assez, c'est plaisant d'entendre tous ces projets de réouverture, mais il faudrait les associer avec un dépistage massif”.
Le Pr Jean-Michel Constantin, secrétaire général de la Société française d'anesthésie et réanimation, est moins pessimiste : “Ce plan de déconfinement me semble prudent. Il est suffisamment large pour donner un peu de perspective.” Mais il estime que l'hôpital ne supporterait pas une quatrième vague, les équipes étant “à genoux” : “La décroissance va être lente. Il faut laisser de la place dans les hôpitaux…” Donc “tout le monde doit faire des efforts” pour respecter les règles sanitaires en profitant du déconfinement, sinon la situation échappera à tout contrôle.
Quant à Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France, il juge que le déconfinement n'est pas prématuré : "Ce calendrier permet d'accompagner l'ensemble des acteurs dans les retrouvailles avec la vie normale, de donner une perspective de sortie à nos concitoyens… et de s'adapter s'il faut revenir en arrière, pour des raisons comme une augmentation de la propagation du virus ou l'arrivée du variant indien."
Le Covid, l'économie
et les régions
Arnaud Robinet est aussi maire de Reims. Comme tous les élus locaux, il note que les effets économiques du Covid ne touchent pas autant tous les territoires. Ce que confirme l'étude de l'INSEE publiée le 29 avril : selon l'une de ses autrices, Christine Charton, "les plus affectés sont d'une part les départements touristiques : Sud, montagne, Dom – et d'autre part les départements urbanisés”, nouveauté inquiétante puisque ces derniers sont moteurs de l'emploi. A l'inverse, indique-t-elle, "les départements ruraux du Centre, ou ceux de l'Ouest orientés vers des industries agro-alimentaires, ont été plus préservés".
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