Une marche citoyenne aura lieu à Paris le 19 mai à l'appel de tous les syndicats de police. L'avant-veille, ceux-ci auront refusé de participer aux débats du “Beauvau de la sécurité” avec le gouvernement.
Cette fois les collègues des policiers tués ne se contentent plus d'entendre les officiels condamner fermement la violence et promettre des moyens aux forces de l'ordre.
Dans la police et l'opinion publique, la cote d'alerte a été dépassée le 5 mai. Ce jour-là, deux semaines après le meurtre de la policière Stéphanie Monfermé à Rambouillet (Yvelines) sous le couteau d'un islamiste, le policier Eric Masson est tombé à son tour : en Avignon, sous les balles d'un dealer dont il voulait contrôler les papiers.
Eric Masson, 36 ans, membre du GDI 84 - groupe départemental d'intervention du Vaucluse –, était policier modèle et père de deux enfants. Aux yeux des Avignonnais, sa mort est le sommet d'une montée de la violence dans le département.
Cet engrenage n'est d'ailleurs pas propre au Vaucluse… Le 18 avril dernier, Emmanuel Macron déclarait : “Les violences du quotidien visant tout particulièrement les détenteurs de l'autorité ont doublé en quinze ans.” Ce chiffre est contesté, mais les Français sondés ont bel et bien l'impression que l'insécurité augmente.
On aime de nouveau la police
Le dimanche 9 mai, cinq mille Avignonnais sont donc venus sous les remparts de la cité des papes, avec des drapeaux tricolores, pour se recueillir devant l'hôtel de police en mémoire d'Eric Masson. Et chanter la Marseillaise. Et crier “vive la police” pour soutenir le GDI 84… Et applaudir une phrase d'Albert Einstein citée au micro par un officier de police retraité : “Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.”
La cérémonie d'Avignon était apolitique. Mais des responsables de syndicats de police, interviewés en marge du rassemblement, n'ont pas hésité à évoquer ce dont ils allaient parler à Gérald Darmanin et à Jean Castex le 10 mai : leur exaspération devant l'attitude qu'ils croient déceler de la part de magistrats, “trop cléments” envers des délinquants multirécidivistes toujours arrêtés, toujours relâchés. Voire envers des criminels comme la bande de Viry-Châtillon qui tenta de brûler vifs des policiers en octobre 2016.
Des magistrats
ont-ils “une idéologie” ?
Heurtés par ces décisions de justice, les syndicats de police les accusent d'“idéologie” ou de “culture particulière”. Ils demandent aux gouvernants d'y remédier.
Mais s'il y avait réellement une “culture particulière” dans certains secteurs de la magistrature, la modifier serait au-delà des moyens de l'exécutif : la séparation des pouvoirs le prive du droit d'empiéter sur les doctrines judiciaires ; les verdicts controversés se présentent comme appliquant simplement les lois existantes ; et durcir ces lois ne ferait pas l'unanimité des députés LREM. Sans oublier que l'exécution des peines est gênée par la surpopulation des prisons françaises.
Et le sociologue Jean-Michel Schloesser incrimine un climat contemporain qui pousserait à croire que seuls comptent les droits de l'individu, ce qui rendrait négligeable l'autorité de l'Etat… et illégitime l'action de la police.
D'où les oscillations de l'opinion publique, tantôt accusant la police de violences et de racisme, et tantôt “embrassant un CRS” comme le chantait Renaud après les attentats de 2015.
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