Qu’est-ce qu’une valve aortique ?
"Avec l’âge, la valve qui se trouve entre le ventricule gauche et l’aorte s’épaissit, se charge de calcaire et ne s’ouvre plus normalement. C’est ce que l’on appelle un rétrécissement aortique. Il y a dix ans, cette maladie était traitée uniquement par opération à cœur ouvert, afin de remplacer la valve déficiente. Aujourd’hui, en passant par l’artère fémorale, par le biais d’un cathéter, il est possible de remplacer cette valve sans avoir à ouvrir le thorax."
Quels sont les avantages de cette technique ?
"L’opération à cœur ouvert est très lourde : un tiers des patients ne peut la supporter. J’étais traumatisé par le fait que tous ces malades étaient condamnés à mourir. Il fallait trouver un procédé moins invasif. En 1985, j’ai commencé par faire de la dilatation aortique. En utilisant un petit ballonnet, remonté jusqu’au cœur par un cathéter, on agrandissait l’ouverture de la valve. Mais nous nous sommes vite rendus compte que le taux de récidive était très important. Après quinze ans de travail, nous avons mis au point une valve aortique que l’on peut introduire par le biais d’un cathéter. Les avantages sont nombreux : une anesthésie locale suffit, aucune rééducation n’est nécessaire, les patients peuvent sortir au bout de trois jours" !
La communauté scientifique s’est d’abord montrée sceptique...
"Les critiques étaient nombreuses. Certains ont qualifié la technique de 'stupide'. Mais j’y croyais dur comme fer : des études que j’avais faites montraient que c’était possible. La première valve est apparue en 1999. Nous avons traité le premier patient le 26 avril 2002. Il avait 57 ans et était moribond lorsqu’il est arrivé au CHU de Rouen. Cette intervention était sa dernière chance. Et le résultat a été spectaculaire."
Aujourd’hui, cette technique remporte énormément de succès ?
"Des études internationales ont montré que les résultats sont aussi bons que ceux des interventions chirurgicales. Depuis 2002, 50 000 patients ont été traités ainsi. Aujourd’hui, on l’utilise dans 50 pays. Hélène Eltchaninoff, qui a pris ma suite à la tête du service cardiologie, a beaucoup fait pour la diffusion de cette valve. En France, 33 centres sont habilités à utiliser cette technique. Une vingtaine de plus devrait ouvrir cette année. Je forme les équipes médicales dans de nombreux pays d’Europe. Près de 1200 cardiologues et chirurgiens sont également venus au CHU pour se former."
Propos recueillis par Anne Letouzé
Une vie, 6 dates
1945 : naissance à Paris
1972 : entrée en cardiologie au CHU de Rouen
1983 : professeur de médecine
1997 : chef du service cardiologie
1999 : création de la start-up “Percutaneous Valve Technology” qui élabore la valve aortique
2002 : pratique la 1ere implantation chez l’homme
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