Mélanie Boulanger (PS) et Lætitia Sanchez (EELV) ont signé un accord, la semaine dernière, alors que vous appeliez à l'union de la gauche derrière votre candidature. Comment avez-vous réagi ?
"Dans les salons des appareils parisiens, un accord avait été imposé aux Normands. Il acte la division. Je ne me résous pas à ça. Parce que la crise qu'on traverse, qui bouscule les familles, qui tape à la porte des entreprises, qui révèle dans quel abîme se trouve l'hôpital, la souveraineté alimentaire… implique un rassemblement pour offrir une alternative entre l'extrême droite et l'extrême argent".
Etes-vous prêt à faire un pas vers elles ?
"Il y a quand même quelque chose d'insolite à se ranger derrière celui qui était le dernier. Normalement quand on veut gagner, on se rassemble, on discute du projet et on choisit le meilleur ou la meilleure pour incarner ce rassemblement. Je pense que mon énergie, ma combativité, ma lisibilité, sont au service de ce rassemblement-là".
Que proposez-vous à ces Normands ?
"Il faut une Normandie qui protège et qui prend soin. Une proposition concrète : que la Région crée deux cents postes de médecins salariés pour faire face à la problématique de démographie médicale. Il faut une Région qui fait de la jeunesse une priorité : allocation autonomie jeunesse régionale ; gratuité des transports, c'est bon pour la planète et le pouvoir d'achat des jeunes. Je n'ai jamais confondu lutte des places et urgence à lutter contre la fonte des glaces ! Ça passe par un plan pour lutter contre la précarité énergétique, par un plan de maillage régional en fret et en transport passager, avec des lignes de vie, ces petites lignes qui sont des lignes essentielles pour aller soigner, pour aller se former, pour aller bosser, pour aller respirer la mer".
L'affirmation de gauche de ce programme généraliste, où est-elle ?
"Elle est partout. C'est une idée simple : quel que soit l'endroit où on habite dans cette région, on doit pouvoir avoir accès à égalité, aux soins, à la culture, à l'école, à l'emploi, à une vie digne, à une alimentation saine. Que ce ne soit pas réservé aux quelques-uns qui vont bien au cœur des métropoles. Etre de gauche c'est aussi tout ça, c'est mettre en place des politiques publiques pour tous et pour toutes et qui n'oublie personne."
Député, dieppois, c'est loin de la Manche, de l'Orne, comment comptez-vous parler à cette partie du territoire ?
"Voilà plusieurs semaines que je sillonne ces départements-là. J'ai mesuré à quel point ils avaient le sentiment d'avoir subi, avec la région Morin, une région technocratique, désincarnée... Est-ce que les autorités de l'Education nationale auront en face d'eux un président loin du cœur et loin des yeux qui laissera fermer les écoles ou est-ce qu'ils auront un président de Région qui considère qu'à chaque fois qu'un bout de la République recule, c'est le renoncement qui progresse ?"
Que reprochez-vous à Hervé Morin ?
"Quelle stratégie maritime y a-t-il dans cette région ? Zéro. Quelle complémentarité des places portuaires impulsées par la Région en Normandie ? Zéro. Comment le président de région fait en sorte que le transmanche régional, vital pour le tourisme, ne soit pas l'angle mort du plan de relance ? Zéro. Quid de l'urgence qu'il y a à soutenir la pêche régionale avec des nouveaux bateaux, en formant des jeunes ? Zéro. Oui, le carnet de chèques est ouvert mais pour les gros. Il vaut mieux être riche et bien portant pour être aidé dans cette région que petit, costaud, avec des idées. Quand la Région veut faire à la place de l'Etat, elle fait aussi mal que l'Etat et aussi technocratique que l'Etat".
Hervé Morin est favori à sa propre succession, pensez-vous être la meilleure carte à gauche pour le battre ?
"La meilleure carte à gauche, c'est de considérer que si on additionne nos voix, on est à 33 %. On règle la question du FN et on tutoie Hervé Morin. C'est ça, la seule carte à gauche. Ce n'est pas un accord à deux que je propose, c'est un accord bien plus large. Ce n'est pas un accord
de boutique, c'est un accord de projets. Si on ne fait pas ça, c'est évidemment des couverts en argent pour le président Morin et c'est le renoncement à donner à la Seine-Maritime la possibilité de revenir à gauche".
La Normandie plutôt ?
"Non, le département de la Seine-Maritime, et celui de la Manche, celui de l'Orne, les élections départementales et régionales ayant lieu le même jour. Vous n'imaginez pas qu'on va offrir aux gens des rassemblements de gauche à la carte".
Et si l'accord ne se fait pas, partirez-vous seul en campagne ? Envisagez-vous de vous retirer ?
"D'une part, je n'ai pas attendu un accord pour partir en campagne. Quant à la question de se retirer, il faut la poser à mes collègues. Il ne s'agit pas d'une question personnelle. Mais je me dis : cette élection va être courte, donc la notoriété, la force militante, l'expérience de gestion, la connaissance des dossiers, ça compte".
Vous n'avez pas répondu à la question. Et si l'accord à gauche ne se fait pas…
"Je pense que ceux qui acteront cette division le payeront cher. Quand Jadot s'efface pour Hamon à la dernière présidentielle, ça ne fait pas 8+8, ça fait 6 à la fin. Moi je propose de faire 8 (le PS) + 10 (les Verts) + 14 (les Insoumis et le Parti communiste aux côtés de Sébastien Jumel), ça fait 33."
Qui est Sébastien Jumel ?
Son parcours Sébastien Jumel a été conseiller municipal à Gonfreville-l'Orcher de 95 en 2001. Il est devenu conseiller général à Dieppe en 2002. Il a été vice-président du Département de la Seine-Maritime en 2004. Il a été élu maire de Dieppe en 2008, puis réélu maire de Dieppe en 2014. Il a gagné le siège de député de la Sixième circonscription de Seine-Maritime en 2017. Sa biographie Le député est né le 20 décembre 1971 au Havre. Il a grandi dans le quartier de Caucriauville puis à Gonfreville-l'Orcher. Il a passé son bac au lycée Jean-Prévost de Montivillers avant de partir étudier à Aix-en-Provence, en faculté de Sciences politique. Il a trois enfants : une belle-fille étudiante, un fils lycéen et une fille collégienne. Il habite Dieppe avec sa compagne.
Son équipe n'est pas constituée. "Je ne me résous pas à la division parce que je pense que le peuple de gauche, les Normands, appellent à ce que nous soyons en situation de mettre l'accent sur ce qui nous rassemble. Mon équipe sera l'émanation de cela, ouverte à l'ensemble des forces de gauche parce que je n'acte pas l'accord boutiquier qui vient d'être scellé", justifie le parlementaire communiste.
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Côté cheville m.Jumel ca va ? et côté dents aussi?