Pourquoi demandez-vous le report des élections régionales prévues en juin 2021 ?
“Je suis un peu toute seule de mon espèce mais je peux avoir raison contre tous ! Une élection se divise en deux temps : il y a les opérations matérielles, comme mettre un bulletin dans l'urne, et la campagne. Aujourd'hui, les conditions ne sont pas réunies pour avoir une campagne loyale à cause des conditions sanitaires. Deux des cinq départements normands sont confinés. Ensuite, nos concitoyens s'en fichent complètement et ont d'autres préoccupations. Enfin, il y a une distorsion de concurrence entre le président sortant, qui n'en finit pas de sortir, et ses challengers.”
Le président sortant Hervé Morin est centriste, vous êtes UDI. Quelle est la différence ?
“Politiquement, nous venons de la même famille. Je ne suis pas sûre qu'il faille aller chercher dans le tréfonds de nos âmes des différences de positionnement. Je ne suis pas sûre qu'il faille gérer une région en faisant de la politique. D'ailleurs, lorsqu'à Rouen, nous avons décidé, pour des raisons qui m'échappent, de ne plus financer le contournement, Zorro [Hervé Morin, NDLR] est arrivé sur son cheval blanc, a pris notre chéquier et a versé un chèque de 225 millions d'euros pour le contournement de Rouen. Or, ce n'est pas un acte de gestion courante.”
Que reprochez-vous à Hervé Morin ?
“La Normandie, telle qu'elle est administrée aujourd'hui, ne me convient pas. Vous avez une juxtaposition des ex-Haute et Basse-Normandie. Il n'existe pas aujourd'hui de politique cohérente entre les cinq départements normands. Les entreprises de l'Orne ne savent pas ce que font celles de la Manche, de l'Eure, du Calvados, de Seine-Maritime. Si une entreprise du Calvados cherche un sous-traitant, elle va tout de suite se tourner vers Paris ou autre. Ensuite, la politique de gestion des finances de la Région pourrait être meilleure. La Région a décidé, avec la Bretagne, d'aider la compagnie Brittany Ferries à hauteur de 80 millions, dont 35 millions pour la Normandie. Or, Brittany Ferries n'est pas le seul acteur du trafic transmanche. Il faut répartir les aides au lieu de la focaliser sur un acteur.”
Que promettez-vous aux Normands si vous êtes élue ?
“J'ai comme slogan 'La Normandie qui vous protège'. J'ai voulu développer un programme autour de la sécurité. Je propose la création d'un fonds régional pour aider les entreprises à se protéger contre la cybercriminalité. Je suis aussi pour créer à l'intérieur même de la structure régionale une commission sécurité qui soit transversale et qui s'occupe à la fois de la sécurité économique, de la sécurité sanitaire, et éventuellement environnementale. Je veux plus de proximité avec les conseillers régionaux, il y aura des permanences ambulantes dans les territoires : c'est la Région qui ira vers les gens, et non l'inverse. Il faut créer un guichet unique pour les entreprises. Je veux aussi un groupe de travail spécifique sur la ruralité. Une partie des territoires considère que l'essentiel des dépenses concerne les grandes villes, et quand on est au cul du monde, comme chez moi, on en profite un peu moins.”
On ne donne pas assez à la ruralité ?
“Oui. Les besoins ne sont évidemment pas les mêmes. Je pense que la Région doit aller vers territoires les plus fragiles pour les renforcer. Cela fait partie de l'équilibre régional en matière de restructuration économique.”
Chacune de vos têtes de listes départementales est une femme. Vous êtes féministe ?
“Non, pas particulièrement, mais c'est un coup de pied dans la fourmilière. J'en ai un peu assez d'avoir entendu plusieurs fois, y compris au Sénat 'les femmes doivent faire leurs preuves'. Jamais on ne demande à un homme de faire ses preuves avant de le mettre devant un scrutin. Il y aura l'égalité quand on mettra à un poste important une femme incompétente ! La parité devenue obligatoire dans les élections départementales a permis de faire jaillir sur notre territoire des femmes qui ne seraient jamais arrivées au conseil départemental.”
Qu'est-ce qui motive votre engagement ?
“J'ai eu beaucoup de projets dans les plus de dix ans de vie politique que j'ai eus, sans avoir d'outils pour les appliquer parce que je ne suis ni présidente de région, ni de département ou d'intercommunalité. Travailler avec une structure comme la région serait très efficace.”
• Qui est Nathalie Goulet ?
Son parcours
Avocate de profession, elle devient assistante parlementaire de Daniel Goulet, sénateur RPR de l'Orne, en 1999. Elle devient sa suppléante en 2001 et l'épouse en 2004. Lorsque celui-ci décède en 2007 à la suite d'une attaque cérébrale, elle lui succède comme sénatrice. Les filles de Daniel Goulet accusent leur belle-mère d'avoir tué leur père. L'enquête s'est terminée par un non-lieu.
Son équipe
Nathalie Goulet a choisi de nommer des femmes têtes de liste dans chaque département. Dans la Manche, il s'agit de la conseillère départementale Dominique Larsonneur-Morel. Dans l'Eure, c'est une chef d'entreprise, Dominique Vignot. Dans le Calvados, la tête de liste est identifiée mais pas encore déclarée. En Seine-Maritime, les négociations sont en cours. Avis aux amateurs !
Ses petits secrets
Nathalie Goulet est végétarienne ! Mais attention, pas par idéologie : “c'est un moyen pour moi de tenir mon régime. Ce sont des produits que je ne mange pas au quotidien car le montant des calories est bien supérieur à ce que je peux ingurgiter dans la journée”, raconte-t-elle. “Je déteste l'idée de vieillir, je déteste la cellulite, je déteste ma balance !”. Pas une journée ne passe sans qu'elle ne fasse de sport.
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